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ZANA

Dossier médical

Maladie de Basedow (maladie auto-immune de la thyroïde) à 18 ans. Cystites à répétition post coïtales entre 37 et 51 ans, bilan urologique normal. Naissance d'un garçon à 24 et 27 ans, d'une fille à 28.

Sa vie

« Je fais partie d'une fratrie de 4 enfants. J'ai 2 frères aînés et une petite sœur. Le début de ma vie a été un peu chaud. Ma mère était dépressive et l'a été quand elle m'attendait. Je n'ai eu aucune tendresse de sa part, elle préférait ses garçons et le disait. Ma mère m'a dit que je refusais de m'alimenter dès les premiers mois et ce jusqu'à 4 ans. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour me faire aimer de ma mère, j'adoptais par exemple la démarche masculine de mes frères, mais je n'ai pas réussi, je ne me sentais pas aimable. Mon père était là mais complètement absent, inexistant, il n'avait aucune envie de rester à la maison, il était coureur. Le soir il rentrait tard, le matin je ne lui disais même pas bonjour, je n'ai eu ni amour ni tendresse de sa part. Ma mère n'aimait pas mon père. Elle a aimé un autre homme et il est possible que ma sœur ne soit pas la fille de mon père. Le secret plane sur la famille. Au moment de la naissance de ma sœur, ma mère s'est plongée dans la religion, elle expiait peut-être son péché, cela a dû être très difficile pour elle. J'ai été élevée sous le joug de la religion catholique : l'enfer. Le poids de cette religion a été terrible.

J'ai eu mes premières règles à 14 ans, elles ont été l'horreur, la honte, il ne fallait pas en parler, il fallait se cacher. Le fait de devenir une femme me déplaisait puisque les filles étaient toutes des salopes, des putains ; il était interdit de se maquiller à la maison. J'ai toujours dit que j'étais une fille, pas une femme. A 18 ans j'ai fait ma maladie de Basedow, puis ensuite une dermite séborrrhéique importante sur le visage, le cuir chevelu, qui m'empêchait de sortir. J'avais des peurs de tout, peur de mourir la nuit, j'avais des troubles importants du sommeil, des angoisses la nuit. J'ai pris du Lexomil pendant 15 ans.

Je me suis mariée à 22 ans pour partir de la maison, je n'aimais pas mon mari. J'ai eu mon premier rapport avant le mariage, ce qui était interdit par la religion, et comme il y a une odeur de péché dans les rapports, j'ai des blocages. J'avais peur de mon mari bien qu'il n'y ait jamais eu de violence, mais quand il élevait la voix, j'entendais celle de ma mère et j'avais peur. Parfois il a giflé nos enfants et je ne les ai pas défendus. A 37 ans j'ai eu un coup de foudre pour celui qui deviendra mon second mari. Je n'avais jamais connu cela, mais le paradis est devenu un enfer car j'ai vécu pendant 2 ans dans le mensonge et le péché, jusqu'à ce que je me remarie deux ans plus tard. Les cystites ont commencé au moment de cette rencontre et ont été à répétition, post-coïtales, jusqu'à mes 51 ans, date de mon second divorce. J'avais une énorme culpabilité d'avoir laissé mon premier mari que, certes, je n'aimais pas, mais que j'aimais bien malgré tout. Comment j'avais pu faire cela, braver ma famille, mes enfants, la religion, c'est minable ! Quitter mon mari a été l'évènement le plus douloureux de ma vie, terrible. J'ai regretté de l'avoir laissé et cela s'est joué à peu car mon amant a dit à sa femme notre liaison au moment où je pensais faire marche arrière. Il était trop tard, c'est du gâchis ! D'autant plus que mon premier mari s'est remarié, sa femme l'a coupé de ses enfants, de ses parents, de son île où il aimait vivre et moi j'ai privé mes enfants de leur père en divorçant.

Surtout que je ne me suis pas très bien entendue avec mon second mari qui est parti 12 ans après notre mariage, après m'avoir beaucoup trompée. Le divorce s'est bien passé. Je n'ai plus refait une seule cystite après son départ, ni au cours des 10 années qui ont suivi, malgré une vie sexuelle active. Quand j'ai eu 60 ans, un homme marié qui me plaisait est venu me chercher. Je ne voulais pas car je faisais une auto censure sur les hommes mariés, due peut-être à l'interdit de la religion. On a quand même eu une relation qui a duré 3 mois, j'ai fait 3 cystites post-coïtales en 3 mois. »

Sa réflexion

« Mes cystites sont pile calées sur ma vie avec mon second mari. Inconsciemment la culpabilité était bien ancrée, les cystites faisaient payer cher les rapports car elles étaient horribles. J'étais responsable, coupable d'avoir privé mes enfants de leur père, je payais. C'est le poids de ma vie, toute la lourdeur de ma vie. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.