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ENORA

Dossier médical

A 38 ans hystérectomie sans annexectomie pour endométriose sévère. A 38 ans arrivée d'une enfant adoptée. A 40 ans douleurs dos, cou, nécessitant port d'une minerve, des séances de kiné. A 68 ans arthrodèse L3-L4-L5 et laminectomie, apparition d'une boiterie en post-opératoire et persistance des lombalgies. Centre de rééducation pendant 5 semaines. A 69 ans, prothèse de hanche droite. TENS pour persistance des lombalgies qui cisaillent le dos à la marche.

Sa vie

« Je suis la seconde d'une fratrie de 3 enfants, j'ai un frère de 2 ans mon aîné et une sœur de 7 ans ma cadette. J'ai toujours eu l'impression que mon frère avait eu du mal à accepter ma venue, il a toujours été désagréable avec moi, voire méchant. Mes parents étaient des parents aimants mais peu démonstratifs, ma mère était stricte et froide, pas du tout extériorisée. Ma grand-mère paternelle s'est imposée après le décès de son mari, elle est venue vivre à la maison, ce qui a alourdi le climat et a été une difficulté de mon adolescence. Elle n'avait eu qu'un enfant : mon père, elle racontait que son accouchement avait été très long, très difficile et qu'elle avait dit : non plus jamais cela.

Je me suis mariée à 22 ans. C'était pour moi un mariage d'amour. Nous avons été heureux pendant une dizaine d'années. Néanmoins, j'ai rapidement pris conscience que j'étais une intellectuelle et mon mari ne l'est pas, il a un métier manuel, ce qui nous a un peu séparés. Mon mari s'est mis à boire, comme son père et son grand-père qui étaient alcooliques. Il était un sportif de haut niveau ce qui l'a sans doute protégé au début de notre mariage. Nous n'avons pas pu avoir d'enfant. Un alcoologue consulté par mon mari m'a dit : heureusement que votre mari n'a pas pu avoir d'enfant, je ne sais pas dans quel état il aurait été. Nous avons décidé d'adopter. J'ai pensé qu'un enfant pourrait nous rapprocher, cela a eu l'effet inverse, l'arrivée de notre fille adoptée, à mes 38 ans, a fait exploser notre couple. Il y a eu au départ des violences verbales envers moi, ensuite de la violence physique, puis il s'en est pris à notre fille avec des méchancetés. A plusieurs reprises j'ai même dû appeler les secours, me faire aider. Un soir d'hiver, il neigeait, il nous a mis dehors ma fille et moi alors que nous n'étions pas couvertes. Je vivais dans la peur, l'angoisse m'étreignait tous les soirs, inquiète de le voir rentrer ivre, je ne dormais plus. Il est devenu menaçant, puis dangereux, et il avait des armes. J'ai quitté le domicile à 43 ans, sur mesure d'urgence du tribunal, devant un huissier. J'ai divorcé deux ans plus tard.

J'ai malgré tout continué à être inquiète car il m'a harcelée et il avait un droit de garde pour notre fille, il l'emmenait ivre au volant de sa voiture. Il a perdu ce droit 4 ans plus tard, ce qui m'a soulagée. L'année suivante, celle de mes 50 ans, il est mort de son alcoolisme. Ma fille a eu du chagrin mais en même temps elle a, comme moi, été soulagée. Je n'ai aucun regret de ne pas avoir eu d'enfant biologique, d'enfant de mon mari, il ne m'aurait pas apporté plus de bonheur que ma fille, c'est son arrivée qui est l'évènement le plus heureux de ma vie. Je n'ai pas refait ma vie je suis restée seule avec elle. Elle a été ma bouée de sauvetage, elle a maintenant 3 enfants. »

Sa réflexion

« J'ai eu des à-coups dans ma vie, j'ai fait avec, mais les choses pèsent sur les épaules, sur le dos. C'est au moment où cela commençait à devenir difficile avec mon mari que sont apparus les problèmes de dos, d'abord au niveau des cervicales, puis au niveau du dos. On fait face, on fait face, puis à un moment ça déborde, c'est mon dos qui a craqué, j'ai dû être opérée. C'est bien possible que ce soit une conséquence de ma vie tourmentée, mais aucun médecin ou chirurgien ne m'a posé de question sur ma vie. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.