HĂRA
Dossier médical
Infécondité inexpliquée. A 60 ans apparition douleurs dorsales. A 65 ans infiltration sacro-iliaque. A 70 ans prothÚse hanche gauche, de hanche droite 6 mois plus tard. A 71 ans chirurgie d'un canal lombaire étroit. Douleurs persistent.
Sa vie
« Je fais partie d'une fratrie de 3, mes sĆurs sont nĂ©es 10 et 14 ans aprĂšs moi. J'ai eu une enfance heureuse, sauf que j'ai souffert de l'absence de mon pĂšre qui a Ă©tĂ© prisonnier pendant la guerre. Quand il est revenu j'ai eu un rapport trĂšs privilĂ©giĂ© avec lui.
Je me suis mariĂ©e Ă 34 ans, mon mari en avait 37. Nous n'avons pas pu avoir d'enfants, Ă mon grand regret. C'est une grosse difficultĂ© pour moi, pour mon mari aussi, ce problĂšme n'est pas rĂ©glĂ©, j'y pense beaucoup, presque tous les jours et souvent la nuit j'ai des angoisses en y pensant. J'y pense de plus en plus et bien davantage encore depuis que l'Ăąge avance, peut-ĂȘtre plus encore depuis la retraite, j'ai plus de temps. J'aurais voulu adopter mais mon mari n'Ă©tait pas d'accord, je lui en ai voulu. Nous n'en parlons jamais et n'en avons jamais parlĂ©. C'est cette stĂ©rilitĂ© qui est le point d'achoppement de ma vie. Je n'en parle Ă personne, j'ai mis le couvercle dessus, il faut fermer les yeux.
J'ai toujours eu le dos fragile Ă cause de ma scoliose, mais j'ai commencĂ© Ă souffrir un peu plus de mon dos au moment de ma retraite. Je l'ai prise Ă 60 ans aprĂšs 43 ans dans la mĂȘme entreprise avec un travail que j'ai beaucoup aimĂ©. Trois ans plus tard, les douleurs sont devenues invalidantes, comme un abcĂšs en bas du dos, j'ai commencĂ© Ă prendre des antidĂ©presseurs, des anxiolytiques ; j'ai consultĂ© les kinĂ©sithĂ©rapeutes, les rhumatologues, les orthopĂ©distes, les neurologues, le centre antidouleur. J'ai eu de nombreux bilans biologiques, radiologiques, scanners, IRM. J'ai eu plusieurs infiltrations sacro-iliaques sous contrĂŽle de scanner sans succĂšs. A 70 ans, j'ai eu, Ă cause de ces lombalgies qui s'accompagnaient de douleurs de hanche, une prothĂšse de hanche gauche, puis 6 mois plus tard une prothĂšse de la hanche droite. Ces chirurgies n'ont pas du tout amĂ©liorĂ© les douleurs, au contraire elles ont Ă©tĂ© pires aprĂšs, je pense ĂȘtre davantage bloquĂ©e depuis. Comme aprĂšs les prothĂšses de hanche je souffrais toujours, on a continuĂ© les examens. On a fait le diagnostic de canal lombaire Ă©troit dont j'ai Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e l'annĂ©e suivante Ă 71 ans mais j'ai toujours aussi mal depuis, voire plus. J'aurais dĂ» Ă©couter un des orthopĂ©distes qui ne voulait pas l'intervention. J'ai donc eu trois grosses interventions en 18 mois et j'ai plus mal qu'avant, de plus j'ai perdu de ma mobilitĂ©, cela m'a dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Je n'avais pas de problĂšme pour marcher avant les interventions, j'en ai depuis, je suis obligĂ©e d'avoir une semelle orthopĂ©dique. Ces douleurs ont pendant un temps Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ©es neuropathiques, les traitements mĂ©dicaux n'ont pas marchĂ©. Les interventions ont Ă©tĂ© des Ă©checs, la chirurgie n'a pas rĂ©ussi. Je suis toujours sous morphine et j'ai toujours mal. Cette douleur c'est comme « un abcĂšs » dans mon dos. Les douleurs sont tellement importantes que j'ai pensĂ© en finir. »
Sa réflexion
« Je n'avais jamais parlé à personne de tout cela, cela m'a fait du bien de vous le confier. Je pense que mes problÚmes de douleur sont dus à la malchance et à l'échec de la chirurgie. »