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PHYLICA

Dossier médical

Ménopause précoce à 34 ans, 2 enfants à 24 et 28 ans, une fausse couche à 27 ans.

Sa vie

« Je suis issue d'une lignée de femmes qui ont été obligées d'assumer seules leurs enfants. Mon arrière-grand-père alcoolique s'est suicidé, mon grand-père absent pendant la guerre, puis blessé de guerre a été peu coopérant pour l'éducation de ses 6 enfants, mon père volage a été lui aussi absent.

Je suis la seconde d'une fratrie de 3, je suis le tampon du milieu. Mon frère aîné était l'enfant de l'amour, ma sœur n'a pas été désirée. Ma mère le lui disait : 'S'il y avait eu la pilule tu ne serais pas là.' Pour moi, je ne savais pas, jusqu'à un jour d'été, j'avais 7 ans, j'avais fait une petite bêtise. Ma mère, très en colère, m'a giflée et m'a crié qu'elle n'avait jamais voulu de moi. Ces mots-là ne s'oublient pas, ils résonnent encore à mes oreilles. De surprise ou de désespoir j'ai frappé une vitre que j'ai cassée avec mon poing, et je me suis enfuie. Ma mère a paniqué, c'est un cousin qui m'a rattrapée. La scène est là, gravée dans ma mémoire, encore très présente, je n'ai pas tourné la page.

Mes parents se disputaient fréquemment, il y avait souvent de la violence verbale. Je retrouvais ma mère en larmes. Mon père était très volage, très occupé à faire le joli cœur et très peu présent. J'ai des souvenirs de ses fredaines dès l'âge de 4 ou 5 ans. Dès qu'il pouvait, il partait, puis il revenait comme si de rien n'était. Il a été beaucoup absent, je lui en veux.

J'ai des taches lie de vin sur le visage et je pense que pour mes parents, cela a dû être une catastrophe. Mon père m'a dit un jour que quand j'étais petite, si quelqu'un venait à la maison, ils me cachaient, j'étais mise à l'écart, ils avaient honte de moi. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune photo de moi avant 18 mois, 2 ans. J'ai essayé de faire des choses pour les épater, je n'ai pas réussi, cela ne les a jamais intéressés. Par exemple, à 19 ans je suis partie plusieurs mois à l'étranger, ils m'ont dit qu'il ne fallait pas que je me mette à parler cette langue à la maison. J'ai passé mon diplôme d'assistante maternelle à 40 ans, là encore ils m'ont dit que c'était ridicule. Je suis malheureuse de cette non reconnaissance. »

Sa réflexion

« Au-dessus de moi il y a au moins 3 générations de femmes qui ont dû assumer les enfants seules ou presque. Cela me semble logique que cet héritage m'ait marquée, ait pu imprimer des limites à mes ovaires et même cela coule de source. Mes règles se sont arrêtées au moment où j'ai commencé mon travail d'assistante maternelle. Mon travail a pu servir de compensation à un troisième enfant que je n'aurai jamais. Tout cela me semble cohérent. Ma sœur n'a pas pu avoir d'enfants spontanément, elle a eu ses 3 enfants par FIV, dont des jumeaux, elle a été ménopausée à 34 ans. 

Je vous remercie, cet entretien m'a fait le plus grand bien. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.