CANDÉLA
Dossier médical
A 26 ans fausse couche précoce. A 27 ans naissance d'un garçon. A 33 ans naissance d'une fille après déclenchement à 8 mois pour toxémie, insomnies pendant la grossesse, psychose puerpérale (troubles psychiques du post-partum). A 47 ans thyroïdite d'Hashimoto (maladie auto-immune de la thyroïde). Tentative de suicide à l'arme blanche.
Sa vie
« Je suis née au sein d'une famille très aimante. J'ai eu 2 frères et 2 sœurs. J'ai eu une enfance très heureuse avec l'amour et la tendresse de mes parents. Ma famille était très catholique, j'avais 2 tantes religieuses et un oncle abbé. J'ai voulu moi aussi être religieuse. Un jour je l'ai dit à ma mère, les larmes lui sont venues aux yeux et elle m'a dit : 'Alors tu veux nous quitter ?' Mais c'est elle qui nous a quittés, brutalement à 46 ans. Elle est morte d'un AVC (Accident Vasculaire Cérébral) du jour au lendemain, je n'ai même pas pu lui dire au revoir. J'avais 13 ans. Sa mort a été terrible, illogique, inacceptable. J'ai eu de la colère, je me suis fâchée avec le Bon Dieu et n'ai plus voulu être religieuse. Ma vie s'est fracturée, il y a l'avant et l'après. J'étais fusionnelle avec ma mère, avant sa mort, j'étais une petite fille gaie à l'enfance merveilleuse, après j'ai eu un mal-être toute ma vie, je n'ai plus jamais ri. Mon père a fait face avec ses 5 enfants dont l'aîné avait 17 ans et le dernier 18 mois. Il est décédé à 87 ans, j'avais 50 ans, j'ai accepté sa mort.
Je me suis mariée, j'ai fait un mariage d'amour. J'ai attendu un moment avant de décider une grossesse, à cause du risque éventuel, potentiel, de laisser un orphelin puis de l'angoisse de reproduire le lien fusionnel mère-fille et le risque qu'un jour, il puisse être rompu. J'ai été enceinte de mon fils, la grossesse, la naissance se sont bien passées, sans aucun problème. J'ai de nouveau attendu 5 ans, toujours pour la même raison, avant une seconde grossesse. Puis j'ai été enceinte de ma fille, j'ai su avec l'échographie que c'était une fille... la menace du lien fusionnel mère fille est devenue réelle, j'avais peur, j'ai eu peur tout le reste de ma grossesse, cela m'empêchait de dormir. L'accouchement a dû être déclenché à cause de l'élévation de la tension. Puis après l'accouchement j'ai fait une psychose puerpérale. »
Sa réflexion
« Je pense que le décès de ma mère a eu un impact sur toute ma vie, il aurait peut-être été moins dramatique si je n'avais pas eu une mère merveilleuse comme elle l'était. C'est la souffrance de ma vie. Je fais le lien entre la mort de ma mère et mes problèmes de santé : l'attente pour mettre en route une grossesse, les difficultés de celle-ci, le problème de tension, la psychose puerpérale, le mal-être qui m'a accompagnée toute ma vie, tous les épisodes dépressifs, la tentative de suicide et même le diagnostic de la thyroïdite qui a eu lieu longtemps après. Néanmoins après la psychose puerpérale j'allais mieux, paradoxalement la naissance de ma fille tellement crainte m'a réconciliée avec la vie. J'ai un lien fusionnel avec elle, le même que j'avais avec ma mère, c'est un vrai bonheur, une récompense par rapport à ce que j'avais vécu. »