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SIDNEY

Dossier médical

A 28 ans naissance d'un garçon de 1,6 kg par césarienne en urgence à 7 mois de grossesse pour pré-éclampsie, hospitalisation pendant les 4 mois précédents pour toxémie. Insomnie pendant la grossesse. Obésité morbide poids : 102kg, taille : 1,58, IMC : 41.

Son histoire

« Je suis la dernière d'une fratrie de 4 enfants. J'ai eu une enfance heureuse jusqu'à 6 ans, cette année-là mon père a fait une grave hémiplégie qui l'a laissé dans un fauteuil roulant, il faisait des crises d'épilepsie. Ma mère a été débordée, j'ai perdu ma mère qui n'avait plus de temps pour moi**, je me suis sentie abandonnée**, petite fille de 6 ans j'ai dû m'occuper de mon père, en même temps j'ai reçu ses bisous et sa tendresse. Ce qui a rendu ma sœur très jalouse, et moi très en colère contre ma fratrie qui ne s'est pas occupée de notre père, j'avais l'impression qu'ils avaient leur vie et que je devais gérer. Cette colère n'est d'ailleurs toujours pas évacuée.

L'année de mes 21 ans a été une année terrible pour moi, la plus difficile de ma vie. En avril ma mère a fait une embolie pulmonaire, elle est restée 2 mois en réanimation, j'ai eu à ce moment les résultats d'un concours pour un travail qui m'a éloignée de la maison. Je pense que mon père n'a pas pu supporter le problème de santé de ma mère et mon départ, en juin il est mort brutalement d'une crise cardiaque. J'ai connu des sentiments contraires, j'ai été à la fois soulagée pour lui car il souffrait physiquement et psychiquement, et je me suis sentie abandonnée par lui. Je suis partie travailler à Paris et me suis culpabilisée d'abandonner ma mère toute seule dans sa grande maison. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à grossir, je me levais pour manger.

A 23 ans j'ai rencontré mon futur mari. Je pensais avoir fait un mariage d'amour, mais quand je revois les photos de mon mariage, je ne souris sur aucune d'entre elles. Peut-être a-t-il au départ remplacé mon papa. Quatre ans plus tard j'ai été enceinte, j'ai cru que nous avions décidé ensemble cette grossesse, mais ce n'était pas le cas car dès que j'ai été enceinte, il a été horrible, odieux. Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis tombée amoureuse de lui, il cochait toutes les mauvaises cases : un pervers narcissique de 16 ans mon aîné, divorcé, ayant un caractère de chien, père de 3 enfants. Ma grossesse s'est mal passée, j'ai souvent saigné, ma tension est montée rapidement en début de grossesse alors que je n'en avais jamais eue auparavant, ni depuis. J'ai subi de la violence verbale, physique, je me souviens d'un jour où il m'a lancé un saladier et les endives qu'il contenait à la figure. Il y avait aussi de la violence sexuelle ; la nuit, je dormais mal, je restais en veille car je ne voulais pas qu'il me touche, j'avais peur, j'avais dressé notre chienne à dormir entre nous dans le lit. J'avais l'impression qu'il faisait tout pour que je perde le bébé. J'avais peur pour le bébé, j'avais peur de lui donner un tel papa, j'avais peur qu'il puisse ressembler à son père. Pendant toute la grossesse j'ai eu une peur à 7/10 (pleurs). J'ai dû être hospitalisée pendant 4 mois. Après la naissance prématurée, il ne voulait pas s'occuper du bébé, il disait : 'On a fait un débile, on n'avait pas besoin de cela.' Tout petit mon fils a eu un rôle protecteur à mon égard, à plusieurs reprises quand il a été plus grand il s'est battu avec son père pour me protéger.

J'ai vraiment commencé à augmenter mon embonpoint après la grossesse. J'ai compris rapidement que plus je prenais des kg, moins il me touchait. Il allait voir ailleurs et cela m'arrangeait, il voulait du libertinage et moi je ne voulais pas. Il a voulu me faire enfermer, m'a traînée à 2 reprises chez le psychiatre. Cette prise de poids était un rempart, une carapace, ce surpoids me servait à quelque chose : à me protéger de lui.

Quand j'ai eu 46 ans ma mère est morte. Avant de mourir elle m'a dit : 'Ne reste pas avec cet homme.' Elle m'a donné la force et j'ai réussi à le mettre dehors l'année d'après, je n'avais plus peur, même s'il a continué à me harceler. J'ai toujours de la haine contre lui, une haine à 9/10. On n'attend qu'une seule chose avec mon fils, c'est sa mort, on va fêter cela (pleurs). On fête déjà tous les ans l'anniversaire de son départ. Il nous a fait tellement de mal. J'aspire à vivre en paix. » 

Sa réflexion

 « Je fais le lien entre les problèmes médicaux de ma grossesse, mes problèmes de tension et mes difficultés de vie, ma peur. La grossesse a été le déclencheur de la prise de conscience de qui j'avais épousé, et je n'avais pas la force de lui dire : 'Va-t'en'. Pendant la grossesse les médecins se sont très bien occupés de moi, mais je n'ai pas eu d'espace de parole. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.