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SIBYLLE

Dossier médical

A 23 ans maladie de Crohn, (maladie auto-immune digestive), colectomie segmentaire (ablation d'une partie du colon) à 24 ans. A 27 ans fausse couche. A 28 ans naissance d'une fille par césarienne pour siège. A 30 ans naissance d'un garçon par césarienne en urgence pour pré-éclampsie, insomnies pendant la grossesse. A 36 ans évocation d'une spondylarthrite ankylosante, traitement anti TNF pendant 1 an, le diagnostic ne sera pas confirmé.

Sa vie

« Je suis l'aînée d'une fratrie de 2 filles. J'ai eu l'amour et la tendresse de mes parents qui étaient présents et aimants. J'ai eu un environnement sécurisant jusqu'à 12 ans. Je suis passée à ce moment d'une petite école primaire paisible, d'un environnement très protégé à un collège plus grand. J'ai eu l'impression d'être jetée dans la fosse aux lions. J'ai subi du harcèlement, des moqueries. J'ai passé les plus dures années de ma vie. J'étais toute seule dans la cour, dans une profonde solitude, une profonde tristesse, je me suis sentie abandonnée. Cela m'empêchait de dormir. Je passais des journées à l'infirmerie, pliée en deux par un mal au ventre, ma mère venait me chercher mais je n'ai pas parlé à mes parents du harcèlement, j'ai mis du temps à pouvoir en parler. C'est une partie de ma vie que j'ai beaucoup refoulée.

Je suis partie de chez moi à 18 ans pour faire mes études. A 21 ans, j'ai rencontré l'homme qui deviendra mon mari. Plusieurs mois après notre rencontre, il a parlé de partir 2 ans à l'étranger pour son travail, il est carriériste, alors que moi j'avais mes études à finir. J'ai eu mes premières douleurs de Crohn deux mois après l'annonce. Quand il m'a annoncé son départ, j'ai revécu ce sentiment d'abandon, de solitude, de tristesse, que j'avais connu adolescente. Ce départ a été hyper-dur, hyper-traumatisant pour moi, j'ai été opérée 3 mois plus tard, j'ai passé 2 mois à l'hôpital. Après la chirurgie, les douleurs se sont estompées, je suis partie le rejoindre et suis restée plusieurs mois avec lui, ensuite nous sommes rentrés en France. J'ai rapidement été enceinte, mais j'ai fait une fausse couche. Trois mois plus tard, j'étais de nouveau enceinte, j'ai eu ma fille. Deux ans plus tard j'étais enceinte de mon fils, la grossesse s'est très mal passée, mon mari a été muté et au troisième mois de grossesse, nous avons dû déménager. Dix jours après le déménagement, j'ai été hospitalisée pour des contractions, j'ai dû passer le reste de ma grossesse chez moi au repos. Cette nouvelle vie ne me plaisait pas, m'inquiétait, nous avions acheté une maison qui était un taudis, j'avais démissionné de mon travail pour déménager, je ne faisais rien, j'étais inutile, bonne à rien dans un environnement qui me déplaisait beaucoup. La vie future dans cette maison avec mes deux bébés m'effrayait, je me sentais en insécurité dans ce taudis. J'étais angoissée, une angoisse à 8/10 qui a duré toute la grossesse, je dormais mal. Cette angoisse est l'émotion la plus difficile de ma vie. J'ai débuté mon hypertension au milieu de ma grossesse et ai dû être césarisée pour pré-éclampsie. J'ai refait une petite crise de Crohn quelques mois après la naissance, je pense à cause de l'angoisse vécue pendant toute la grossesse. Je dirais bien crise à retardement. »

Sa réflexion

« L'évènement le plus douloureux de ma vie est la période de harcèlement au collège. L'évènement le plus heureux est le retour dans ma région après tous les déménagements, le retour chez moi. J'attendais de revenir habiter dans ma région depuis toujours. Ce déménagement de retour m'a sauvé la vie. Je n'ai pas refait de nouvelle crise de Crohn depuis et les douleurs de dos pour lesquelles avait été émise l'hypothèse d'une spondylarthrite ont pratiquement disparu.

Ces maladies m'ont servi, m'ont été utiles. Ma première crise de Crohn m'a permis de rejoindre mon futur mari, sans la crise je serais restée faire mes études en France. Mon problème de dos m'a aidée à pousser mon mari à demander sa mutation dans ma région qui est mon chez moi.

Je vais beaucoup mieux depuis que je vis ici, chez moi, j'ai retrouvé un travail, je fais du sport, je me sens en sécurité. La maladie aide à mieux se connaître, à mieux s'écouter ».

Tous les noms propres ont été anonymisés.