🏠 Mon Corps Raconte Mon Histoire

MIRANDA

Dossier médical

A 32 ans naissance d'une fille de 2,9kg, par césarienne en urgence pour hématome rétro-placentaire, grossesse après FIV (la première) pour infécondité inexpliquée de 7 ans, et échec de 7 IAC. Insomnies pendant la grossesse. GEU (grossesse extra-utérine) à 37 ans après grossesse spontanée, échec de 2 FIV ensuite.

Son histoire

« Je suis la deuxième d'une fratrie de 4 filles. J'ai eu une enfance très heureuse avec des parents tendres et aimants, presque trop, j'ai été trop couvée. Cet amour ne prépare pas à la vraie vie ; après, tout est effort, on n'a pas assez d'indépendance. J'imaginais un monde tout rose, si bien que quand je suis sortie la première fois pour aller au bal, à 18 ans, cela a été un vrai choc de voir beaucoup de jeunes bourrés, je n'en revenais pas.

Un jour de l'année de mes 19 ans, mes parents étaient absents ; ma sœur cadette qui avait 18 ans m'a appelée afin que je trouve quelqu'un pour aller la chercher à son travail. Un de mes copains venait d'avoir son permis, nous sommes allés la chercher, il roulait vite, il a perdu le contrôle. La voiture s'est écrasée contre un arbre, ma sœur est morte sur le coup devant mes yeux. Je n'ai pas pu y croire, je suis restée dans le déni, cela n'avait pas existé. Je n'ai pas pleuré car ce n'était pas vrai. Je l'ai cherchée longtemps. Dès que quelqu'un abordait le sujet, je partais. J'avais beaucoup de colère, une infinie tristesse et une énorme culpabilité, car c'est moi qui avais demandé au copain d'aller la chercher. J'ai tout enfoui en moi.

A 23 ans je me suis mariée. L'enfant que nous avons désiré n'est pas venu. Tout ce que j'avais enfoui en moi, toute ma souffrance que je ne voulais pas regarder, que je niais, est remontée avec mon désir d'enfant. J'y pensais tous les jours. Je pense que ce désir m'a contrainte à voir ma souffrance en face ; avant, je ne voulais pas la regarder. Mon infécondité a été dite inexpliquée.

J'ai réussi à mener ma grossesse et j'ai adoré être enceinte, même si j'avais peur, une peur animale incontrôlable de perdre l'enfant. S'il y a eu beaucoup de bonheur, il y a eu aussi beaucoup d'angoisse. J'étais extrêmement angoissée, je dormais mal, j'ai fait une toxémie brutale à la fin de la grossesse. Après la naissance, j'étais comme un animal avec son petit, je ne pouvais pas m'en séparer, même pas le donner à ma mère. Dès que j'ai pu accrocher le regard de l'enfant, je revoyais les yeux de ma sœur. Je me faisais violence, je ne voulais pas que ma fille soit prisonnière de ma sœur, je me disais tout haut : ce n'est pas ta sœur.

Ensuite pendant peut-être une dizaine d'années, à chaque départ en vacances, j'étais malade : grippe, angine ; je ne profitais pas de mes vacances. Ces manifestations étaient une façon de me punir, de me faire du mal. Après consultation d'une psychologue et 2 séances d'EMDR, cela a disparu et j'ai eu l'impression d'être plus présente à la vie, ce qu'a confirmé mon mari qui disait que souvent, je n'étais pas là, j'étais absente. L'EMDR c'est réellement bluffant et je pense que des séances comme cela auraient pu être bénéfiques au moment de mon parcours de PMA. Le médecin qui s'occupait de moi m'a beaucoup aidée pour supporter les IAC, les FIV. Peut-être que s'il avait abordé ma vie, s'il m'avait ouvert cette porte, ce genre de porte sur soi-même, je l'aurais prise, car il avait toute ma confiance. Peut-être cela aurait-il évité la PMA, on peut y croire. Et je serais même tentée de dire, qu'avec ce que j'ai compris maintenant, j'aurais pu échapper au recours à la PMA. »

Sa réflexion

« Je sais pourquoi la grossesse n'est pas venue spontanément, et pourquoi les IAC, et les 2 FIV suivantes n'ont pas marché. Je fais le lien avec le décès de ma sœur, cela m'est maintenant une évidence, j'en suis certaine. C'est l'évènement le plus douloureux de ma vie, nous étions comme des jumelles. Et puis je fais le lien entre ma peur animale incontrôlable de perdre l'enfant et la toxémie. Au moment de la PMA, ma mère évoquait le décès de ma sœur comme blocage pour la grossesse, je disais non. Aujourd'hui je sais que si, je sais que quelque chose a bloqué mon corps. Maintenant je comprends, je comprends mieux ma vie, sa cohérence ; il faut un parcours de vie pour en arriver là, il faut s'occuper de l'histoire. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.