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JUDITH

Son dossier médical

Naissance de garçons à 28 et 30 ans. Cystites à répétition entre 44 et 63 ans, bilan urologique normal.

Sa vie

« Je suis au milieu d'une fratrie de 5, j'ai eu une enfance normale, la sĂ©curitĂ©. J'ai eu mon premier rapport sexuel Ă  18 ans, il s'est passĂ© normalement. Je me suis mariĂ©e Ă  22 ans avec un copain de vacances que je ne connaissais presque pas, il Ă©tait le beau gosse de la plage. Le mariage n'a pas Ă©tĂ© rĂ©flĂ©chi. Nous avons attendu 6 ans avant de faire un enfant, puis deux pour un second. C'est Ă  ce moment-lĂ  que je me suis rendu compte que mon mari Ă©tait seulement prĂ©occupĂ© par son ascension sociale, ses enfants ne l'intĂ©ressaient pas. Quand je suis rentrĂ©e de la maternitĂ© avec mon couffin, il avait achetĂ© une voiture de sport, pas une berline pour famille de 2 enfants. Il a pris la grosse tĂȘte car il a eu une promotion dans son entreprise, il ne me secondait pas du tout Ă  la maison. J'ai dĂ» arrĂȘter de travailler Ă  32 ans, j'ai fait Ă  ce moment-lĂ  des crises d'angoisse qui ont durĂ© une dizaine d'annĂ©es, car je me retrouvais en Ă©tat de dĂ©pendance. À une certaine pĂ©riode elles Ă©taient telles que je ne pouvais plus conduire. J'ai fait une TCC (thĂ©rapie cognitivo-comportementale) qui m'a beaucoup aidĂ©e.

Quand mon dernier garçon a eu 4 ans, la violence verbale de mon mari a commencĂ©, puis un jour la violence physique avec un couteau sous la gorge. J'ai commencĂ© Ă  avoir peur. Je me suis demandĂ© s'il fallait partir ; mais le divorce n'Ă©tait pas dans mon schĂ©ma de vie. La mise en parallĂšle des dates me fait remarquer que c'est Ă  cette date que j'ai commencĂ© Ă  saigner, et ce pendant 2 ou 3 ans, les pertes de sang me rendaient indisponible pour les rapports. La situation avec mon mari a continuĂ© Ă  se dĂ©grader. Quand j'ai eu 41 ans, sans me prĂ©venir, il a louĂ© un appartement car il avait Ă©tĂ© mutĂ©, il rentrait le week-end. Il a commencĂ© Ă  me tromper et je le savais. J'ai commencĂ© autour de 44 ans Ă  faire des cystites aprĂšs les rapports, trĂšs douloureuses, Ă  hurler, souvent avec du sang. J'en faisais parfois une Ă  deux par mois, avec la prise d'antibiotiques qui allait avec. Les cystites au dĂ©but ont Ă©tĂ© un prĂ©texte pour Ă©viter les rapports, comme un stop dĂšs qu'il me touchait ; Ă  la fin, j'ai eu des cystites sans rapports, car nous n'en avions plus. Ce qui a Ă©tĂ© difficile dans ma vie avec mon mari, c'est sa violence, l'impression de m'ĂȘtre fait avoir, d'avoir fait partie d'un plan de vie pour obtenir l'ascension sociale Ă  laquelle il tenait tant, d'avoir Ă©tĂ© un jouet, un instrument. »

Sa réflexion

« Pour moi, c'est ultra clair, les cystites ont du sens dans ma vie. Elles ont eu lieu entre le dĂ©but de mĂ©sentente confirmĂ©e avec mon mari et mon dĂ©part de la maison, soit entre mes 44 et 63 ans, donc pendant presque 20 ans. C'est mon corps qui a dit stop. Au lieu de prendre des antidĂ©presseurs, j'aurais mieux fait d'Ă©couter mes cystites. La dĂ©cision du divorce a Ă©tĂ©, pour moi, trĂšs difficile parce que chez moi on ne divorce pas et que je n'en avais pas le courage, j'Ă©tais au chaud financiĂšrement et puis mon mari Ă©tait souvent absent. Pourtant je savais depuis longtemps qu'il fallait dire stop, mais je ne voulais pas le voir clairement, je ne voulais pas l'entendre, les cystites ont dit stop avant moi. La maladie est lĂ  pour nous empĂȘcher de mourir, je suis partie pour ma survie. Je n'ai pas fait une seule cystite depuis que j'ai quittĂ© la maison, il y a 3 ans. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.