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JUNON

Dossier médical

A 18 ans début de cystites à répétition qui seront épisodiques. A 25 ans méatoplastie. A 26 ans fausse couche. A 27 ans naissance d'un garçon et à 29 ans d'une fille.

Sa vie

« Je suis la dernière d'une fratrie de cinq enfants, j'ai deux sœurs et deux frères aînés. Ma mère me disait que j'étais un accident de parcours bien accepté, pourtant je n'ai pas eu beaucoup d'encouragements. Ma mère préférait ses garçons. Elle était dépressive, pendant un moment elle a parlé de suicide. Dans la famille la notion de plaisir n'existe pas. Ma mère était psychorigide surtout par rapport au sexe, elle a imprimé sur moi un sentiment de honte et de culpabilité en rapport avec le sexe. Elle disait toujours : le monde est gouverné par le sexe et l'argent. Personne dans ma famille n'est un modèle pour moi. Il y a beaucoup de tristesse pour tout le monde. Mon père est un homme de devoir.

Le début de ma vie sexuelle a été choisi mais secret car c'était un sujet tabou à la maison. Mon père quittait la pièce quand il y avait une scène d'amour à la télé. Cela me gênait, qu'il y ait cette forme de honte par rapport au sexe à la maison. Je n'étais pas forcément à l'aise avec cela, de plus, je n'avais pas tellement confiance en moi. Mes premiers rapports se sont bien passés, mais les cystites post coïtales ont commencé dès le début de ma vie sexuelle à 18 ans, j'ai toujours eu des cystites post-coïtales avec les petits copains que j'ai eus. Puis j'ai rencontré mon mari à 23 ans, il plaisait beaucoup à ma mère, mais elle a pleuré quand je suis allée m'installer avec lui, trouvant que c'était trop tôt ; j'étais la petite dernière. Les cystites ont continué, toujours très handicapantes. A 25 ans j'ai consulté un urologue qui m'a fait une méatoplastie, les cystites ont un peu provisoirement diminué, puis sont réapparues identiques invalidantes jusqu'à ma première grossesse. Donc entre mes 18 ans, date de mes premiers rapports et 27 ans, date de ma première grossesse j'ai été beaucoup gênée avec ces cystites. Elles ont complètement disparu dès que j'ai été enceinte et pendant les 10 années qui ont suivi. Je ne me cherchais plus à ce moment-là, c'était le bonheur absolu, un vrai épanouissement. J'ai toujours voulu des enfants, j'ai eu un garçon et une fille et avec un homme que j'adore. J'ai adoré mes enfants petits. Un vrai épanouissement de ma féminité.

Puis les cystites sont réapparues à mes 36 ans, invalidantes. A ce moment, ma sœur aînée m'a révélé quelque chose qui est resté secret pendant 2 ans : son mari la trompait avec un homme. Elle est restée au départ pour ses enfants à qui il était difficile de dire cela quand ils étaient petits. J'ai porté le secret avec elle pendant 2 bonnes années. Ensuite son mari est parti.

A mes 39 ans ma mère m'a révélé un secret de famille. Avant qu'elle ne connaisse mon père, ma mère qui était ingénieur chimiste est allée travailler à l'étranger. Elle a eu une histoire avec un homme marié et a été enceinte, elle ne l'a pas prévenu. Elle est rentrée en France, enceinte, ses parents l'ont mise dehors. Elle est allée au Bon Pasteur et a mis au monde une petite fille qui est morte quelques semaines après la naissance, je ne sais pas dans quelles circonstances. Puis ma mère a été autorisée par ses parents à rentrer à la maison. Ensuite elle a rencontré mon père, l'a épousé et ils ont eu 5 enfants. Elle a donné à son premier fils le prénom de l'homme marié qui avait été son premier amant. ».

Sa réflexion

« J'ai eu ce problème de cystites de façon épisodique tout au long de ma vie. Cet entretien m'a fait comprendre que les dates de poussées et de rémission ont à voir avec les évènements de ma vie. Elles ont commencé dès que j'ai eu mes premiers rapports sexuels qui avaient des effluves de honte et elles m'ont gênée pendant une dizaine d'années. Elles se sont arrêtées avec mes grossesses, période d'épanouissement de ma féminité. Elles ont récidivé quand j'ai appris ce secret de ma sœur directement lié au sexe, secret que j'ai dû porter avec elle pour qu'il le reste. Ensuite disparition pratiquement complète des cystites que j'ai attribuée à un traitement après chaque rapport. En fait, cela correspond aussi, à quelques mois près, à un évènement fort de ma vie, la date de révélation du secret de ma mère. Ce lourd secret aurait-t-il parasité ma vie sexuelle tant qu'il est resté secret ? La levée de ce secret m'a au moins aidée à comprendre ce tabou du sexe qui planait sur la maison. Je ne fais pratiquement plus de cystites depuis cette levée du secret. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.