AÏDA
Dossier médical
A 16 ans début de lombalgies, de douleurs pelviennes inexpliquées. A 22 et 26 ans naissance d'une fille, 3 IVG à 29, 30 et 31 ans de trois autres partenaires différents. A 31 ans cancer de la thyroïde. A 32 ans naissance d'un garçon d'un nouveau partenaire, mise en invalidité pour lombalgies. A 33 et 36 ans chirurgies de hernie discale L5-S1.
Sa vie
« Je suis l'aînée d'une fratrie de trois filles, mes sœurs avaient 5 et 19 ans de moins que moi. Ma mère était une mère aimante, mais peu présente. Mon père était artisan, encore moins présent car absent le week-end pour cause de courses de vélo. Il était très peu démonstratif, il buvait parfois, jamais pendant la semaine mais souvent après les courses de vélo. Il avait le vin mauvais et nous frappait, ma mère et nous les enfants. Il me faisait peur, je savais que, quand il revenait du vélo, il y avait un risque de violence. Une fois avec un coup de poing il m'a cassé le malaire (os de la pommette). J'ai vécu dans la peur des violences de mon père pendant toute mon enfance, parfois je voulais le tuer.
A l'âge de 10 ans, sur le chemin de l'école, au niveau des toilettes publiques, un homme toujours habillé de blanc m'attendait et me faisait signe de venir. Il me regardait jouer dans la cour de chez moi, il pouvait me voir du bistrot qui était près de la maison. Cela a duré, il m'a harcelée pendant un mois. Une fois il a essayé de m'attraper, mais j'ai réussi à m'enfuir. J'ai eu très, très peur, je suis restée effrayée longtemps, je pleurais le soir dans mon lit et souvent cela me réveillait la nuit, j'ai fait des cauchemars pendant longtemps. Je ne l'ai pas dit, je ne sais pas pourquoi, j'avais peur, peut-être peur de ne pas être crue. J'y ai pensé pendant des années, je suis restée très pudique, je ne veux pas qu'on me regarde, je fais toujours l'amour dans le noir. Je l'ai revu par hasard quand j'avais 18 ans, la peur est revenue.
J'ai eu mon premier rapport à 17 ans, il s'est mal passé, les suivants pas mieux, ils ont été douloureux. J'ai rencontré mon premier mari et nous avons eu nos 2 filles, mais le mariage n'a pas tenu. Je me suis séparée à 29 ans et la séparation s'est très mal passée. On a d'abord essayé de se séparer à l'amiable et comme je commençais à travailler à 5 heures du matin j'ai laissé la garde principale des enfants à mon mari, j'avais mes filles deux jours par semaine. Il a dit à nos amis que je les avais abandonnées et il a voulu me faire signer un papier pour que je les abandonne réellement, pour avoir la garde totale, j'ai refusé. Il m'a mené la vie dure et sa nouvelle femme a mené la vie dure à mes filles, mon aînée a fait une fugue de chez lui. A 31 ans j'ai eu mon cancer de la thyroïde. C'est cette même année que j'ai rencontré mon second mari ; nous avons décidé d'avoir un enfant, j'ai été enceinte l'année suivante. La grossesse a été très difficile : au troisième mois j'ai été opérée de l'appendicite et au sixième mois j'ai eu une sciatique pseudo-paralysante qui m'a obligée à rester allongée le reste de la grossesse. Mon premier mari me menait la vie dure depuis le divorce, il voulait toujours la garde complète de nos filles. Il a pris un avocat et un jour j'ai reçu une lettre recommandée du tribunal qui me convoquait. J'ai tout de suite su que c'était pour la demande de garde totale, je savais qu'il avait un épais dossier de lettres de délation d'amis, cela a été un gros choc pour moi, un vrai traumatisme. Le lendemain de la réception de la convocation, j'ai eu une violente douleur brutale dans le dos sans avoir fait d'effort particulier et je suis tombée à terre. On a diagnostiqué cette sciatique pseudo-paralysante, comme j'étais enceinte de mon petit garçon qui naîtra 3 mois plus tard, on a attendu et j'ai été opérée 6 mois après la naissance. La situation est restée difficile avec mon premier mari et à 36 ans, comme j'avais toujours mal au dos et que je gardais des séquelles sensitives dans ma jambe droite, j'ai de nouveau été opérée.
Les douleurs de dos ont continué par périodes ainsi que des problèmes sensitifs persistants dans les jambes, mais je n'ai plus de problèmes moteurs. Je suis sous antalgiques en permanence depuis ma deuxième opération. Si c'était à refaire, je ne sais pas si je referais les deux interventions sur les hernies discales. La première a été différée à cause de ma grossesse, les signes s'amélioraient petit à petit, j'allais de mieux en mieux. Pour la seconde aussi, je voulais attendre, les médecins n'ont pas voulu, mais je n'ai pas beaucoup de bénéfices. A 39 ans je me suis séparée de mon second mari, cette fois la séparation s'est bien passée. »
Sa réflexion
« Je fais le lien entre la sciatique et la convocation au tribunal qui a été le choc de ma vie. Toutes les années où j'ai eu des problèmes sont les années pénibles de ma vie où j'ai vécu la séparation très difficile d'avec mon premier mari. Après il s'est séparé de sa seconde femme et la situation s'est améliorée.
C'est la première fois de ma vie que je parle de la violence de mon père, personne ne m'a posé de questions sur ma vie dans mon parcours. »