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ALCYONE

Dossier médical

Endométriose diagnostiquée à 23 ans. A 15 ans début de cystites à répétition pendant plusieurs années, crises de spasmophilie, pyélonéphrite à 19 ans. A 21 ans diagnostic de fibromyalgie. A 22 ans tentative de suicide.

Sa vie

« Je suis née le même jour que celui de la naissance de mon père, ce qui a été une grande joie pour lui. Je suis la dernière d'une fratrie de 3 filles, j'ai deux sœurs de 7 et 4 ans mes aînées. Ma sœur aînée était très autoritaire et voulait jouer le rôle de la mère pour moi, elle a pris une place qui n'était pas la sienne. Ma mère ne le voyait pas ou ne voulait pas le voir car elle déteste les conflits. Elle laissait mon père tout gérer. Ma mère est restée joyeuse jusqu'à mes 15 ans. A ce moment, tout a dégénéré, ma sœur aînée s'est mariée et a divorcé 3 mois plus tard. Ce qui a tout chamboulé dans la famille, mon père a renié ma sœur pendant plusieurs mois, ma mère a été choquée, elle est devenue dépressive. Deux ans plus tard, elle a fait un cancer du sein, a gardé le moral un moment puis est tombée en dépression, elle voulait mourir. Ma mère a eu une enfance difficile, sa propre mère avait eu une enfance de pauvreté et de violence qu'elle a reproduite sur sa fille, une violence gratuite. Elle avait perdu son premier enfant à la naissance et en avait été très affectée. Ma mère a pardonné à sa mère. Ma mère a subi des attouchements de la part de son frère, elle m'en a parlé il y a un an seulement. Elle a été surprotectrice pour ses filles, elle a été une maman poule, elle nous a étouffées. Je pense que ma grand-mère et ma mère sont atteintes, comme moi de fibromyalgie.

Mes parents s'aimaient. Mon père a pris soin de ma mère quand elle a eu son cancer, il a été génial. J'ai eu son amour et sa tendresse, même si c'était une éducation très stricte avec des punitions : à genoux dans les cailloux, douche froide tout habillée et les punitions n'étaient pas toujours méritées ! Mon père était l'avant dernier d'une fratrie de 11 enfants, il a perdu son père à 5 ans dans un accident de la route, ma grand-mère a été gravement blessée et a passé des mois à l'hôpital. Il a été élevé par sa grande sœur.

Je considère que j'ai eu une enfance heureuse jusqu'à mes 15 ans. Puis l'année de mes 15 ans a été très difficile. Le chamboulement de ma famille m'a beaucoup perturbée. J'ai pardonné à ma sœur car j'ai appris que son mari la battait, la maltraitait. Et puis à 15 ans... j'ai été violée. Avec quelques copines, pour fêter un anniversaire, on a voulu aller en boîte de nuit. Comme je faisais un peu plus que mon âge j'ai pu rentrer sans montrer ma carte d'identité. On m'a offert un ou deux verres, puis un homme m'a accostée, je lui ai dit que j'avais 18 ans. Il m'a fait danser puis nous sommes sortis sur le parking et c'est là que cela s'est passé. Je n'avais jamais eu de rapport auparavant, c'est encore plus horrible. C'était complètement irréel, j'étais au-dessus de la scène. Ensuite, il m'a harcelée pendant un mois et demi. Il m'a dit que je devais faire ce qu'il voulait, il m'a menacée de montrer des photos de moi nue qu'il disait avoir prises. Il venait me chercher à la sortie de l'école, m'emmenait dans les bois pour me violer, j'avais mal, j'avais peur. Je ne savais pas comment m'en sortir. Cela s'est arrêté du jour au lendemain car cet homme avait une copine qui a découvert l'affaire et l'a menacé de le dénoncer puisque j'étais mineure. J'étais en échec scolaire, mes profs et mes parents pensaient que c'était parce que je ne voulais plus travailler. Je me détestais, je me dégoûtais, je me suis scarifiée. Je n'ai pas pu parler, je ne pouvais rien dire à cause de la honte, la culpabilité, la colère infinies, illimitées qui m'avaient envahie. La culpabilité d'être allée trop jeune en boîte de nuit, de n'avoir pas crié, de ne pas m'être débattue, de n'avoir pas parlé. J'ai perdu le sommeil, j'ai fait des cauchemars pendant lesquels je revivais la scène, comme si c'était hier. Depuis quelques temps je ne me souviens pas du cauchemar mais je me réveille la nuit en nage, sans pouvoir me rendormir. Je me sens toujours très fatiguée. Le souvenir est tout le temps-là, c'est comme s'il se baladait. Mon adolescence a été gâchée. Je ne veux pas porter plainte car je ne veux pas revenir dans ce cauchemar.

Depuis j'ai eu 3 compagnons. La première relation a duré 2 ans et s'est mal terminée. Il est devenu violent car j'avais des difficultés pour les rapports, je ne pouvais pas lui donner la vie sexuelle qu'il aurait voulue. Un jour il a mis mes affaires dans un sac poubelle et les a jetées dehors. La relation suivante a duré un an, il m'a abandonnée pour les mêmes raisons, la difficulté de sexualité. La relation suivante a duré 2 ans, j'avais confiance en lui, j'ai pu lui dire ce qui m'était arrivé et il m'a accompagnée. Les rapports se sont bien passés, il y avait la confiance. La relation s'est arrêtée car il était jeune et ne voulait pas se poser, alors que moi si, je voudrais des enfants.

A 22 ans j'ai fait une tentative de suicide qui était un appel au secours, j'ai moi-même décidé d'aller à l'hôpital, j'ai vu un psychologue pendant 3 mois, ce qui m'a permis d'en parler. J'ai fait 5 séances d'hypnose qui m'ont permis de pouvoir le dire à mes parents. Je l'ai également dit à une amie qui avait vécu la même chose. J'ai appris il y a 3 ou 4 ans que ma seconde sœur a aussi été violée à 19 ans par un inconnu, en ville. Elle s'est également fait embrigader dans une relation toxique. Elle a fait devant moi une tentative de suicide à la lame de rasoir. »

Sa réflexion

« Je fais un lien entre cystites et viols puisque la première cystite a eu lieu le lendemain du viol et qu'ensuite elles sont devenues incessantes à raison d'une par mois pendant des années. C'est lors de ma pyélonéphrite que le lien m'a paru évident, elle m'a été un vrai déclic. En ce qui concerne l'endométriose, plus je grandis plus je vois le lien parce que tout coïncide. Même si le diagnostic n'a été fait que récemment je sais que je l'ai depuis cet âge de 15 ans, les douleurs dans le ventre ont commencé pile poil à ce moment. C'est clair pour moi, mon corps exprime ce que je n'ai pas pu dire. L'endométriose pourrait venir me dire que je dois m'occuper des choses qui ne sont pas réglées qui me posent encore problème. C'est exactement ce que je ressens.

Les 5 séances d'hypnose m'ont permis de pouvoir en parler. J'ai aussi fait une séance d'EMDR qui m'a libérée. Je vais prévoir de nouvelles séances. L'entretien, les explications sur ce qui se passe lors d'un traumatisme ont fait descendre ma honte, ma culpabilité qui étaient illimitées à 8/10. J'ai aussi pris conscience pendant l'entretien en mettant des mots sur mes relations avec mes compagnons, que ma sexualité peut être épanouie sous réserve de la confiance envers mon partenaire. J'avais perdu la confiance dans les hommes.

Je n'avais jamais parlé comme cela de toute mon histoire, du début de ma vie jusqu'à aujourd'hui, cela libère. J'ai tout dit, tout évacué, je ne vois plus rien à rajouter. C'est vraiment génial, merci, vraiment merci. »

Une semaine plus tard au téléphone : « Après m'être sentie un peu bizarre, depuis l'entretien je me sens super bien, épanouie. Je suis même arrivée au travail avec une demi-heure d'avance ce matin. Je pense que j'ai évacué des choses enfouies, oubliées qui me gênaient. L'entretien m'en a libérée, il m'a beaucoup aidée.»

Tous les noms propres ont été anonymisés.