CELEANO
Dossier médical
A 22 ans IVG, à 23 ans diagnostic d'endométriose par coelioscopie. A26 ans nouvelle coelioscopie pour endométriose.
Sa vie
« Je suis la seconde d'une fratrie de 2 filles, ma sœur a 2 ans de plus que moi. Mon enfance s'est très bien passée, j'ai eu l'amour et la tendresse de mes parents qui s'entendaient bien. J'ai une belle image du couple.
J'ai eu mon premier rapport à 17 ans qui s'est bien passé ainsi que les suivants, je suis restée 4 ou 5 mois avec lui. A 18 ans j'ai eu un nouveau compagnon que j'ai quitté 6 mois plus tard quand j'ai compris qu'il avait une double vie. A 21 ans j'ai eu un nouveau copain, il n'allait pas bien. Il m'a avoué qu'enfant, il avait vécu des choses qu'il n'aurait pas dû vivre. J'en ai parlé à sa mère, lui ai dit qu'il avait subi des attouchements. La sœur de mon copain qui était présente a avoué qu'elle aussi. La mère a appris ce jour-là que ses deux enfants avaient été abusés par un membre de la famille. Elle ne le savait pas, aucun des deux n'en avait parlé. J'ai été vraiment impactée par sa souffrance qui m'a beaucoup touchée (émotion +++), c'est affreux de lire la peine d'une maman. La maman m'a remerciée de l'avoir dit, de lui permettre de comprendre le mal-être de ses enfants. Je l'ai quitté à cause de son mal-être, de sa jalousie tellement pesante.
J'ai ensuite eu une liaison de 4 ans avec un homme dont je savais d'entrée de jeu qu'il n'était pas pour moi. La relation a été vachement conflictuelle, cyclique. Il était macho dans son comportement, son langage, il me rabaissait. Il ne supportait pas que je gagne plus d'argent que lui. Il allait voir à droite, à gauche. Il m'a éloignée de mes copines à qui je n'ai pas parlé pendant plusieurs années. Un jour, malgré la pilule, j'ai été enceinte. C'est moi qui ai décidé l'IVG, j'étais jeune, ce n'était pas envisageable, je savais que mon compagnon ne voulait pas de la grossesse. Je sais que ma mère aussi a fait une IVG mais c'est un sujet dont je n'ose pas lui parler, je respecte son secret. L'acte en lui-même n'est pas difficile, c'est le psychologique qui est le plus dur, car on interrompt quelque chose qui a été fait par amour. Même si je n'ai pas de regret, je garde la tristesse et la déception d'autant que mon compagnon n'a pas du tout été présent pour mon IVG. J'ai eu un sentiment d'abandon. Je garderai cette tristesse tant que je n'aurai pas d'enfant. Un jour il y a eu de la violence physique, il a failli m'étrangler. Je suis restée parce que j'étais sous emprise, très amoureuse. J'étais addicte à la personne et le suis devenue au tabac, je me suis mise à fumer, mais j'ai refusé de me droguer, ce que lui faisait. J'ai mis du temps à ouvrir les yeux. J'ai compris que c'était très dur de sortir d'une relation quand on est sous emprise. Cette relation m'a fait beaucoup souffrir, je me suis sentie un jouet quand il allait voir d'autres personnes. Je ne suis pas fière de cette relation qui n'était pas saine, il y a de la honte, de la culpabilité, et la honte surtout vis-à-vis de mes parents. Il m'a fait trop de mal, m'a menacée. En même temps cela m'a rendue beaucoup plus forte. Depuis j'ai eu plusieurs relations aucune n'a fonctionné. »
Sa réflexion
« Tous mes problèmes de santé, mes douleurs d'endométriose, sont apparus après cette relation difficile, après l'IVG. Cette étape de ma vie est l'élément déclencheur. L'endométriose, quand on la réfléchit en symbolique, cela résonne, je cherche ma place de femme adulte et c'est compliqué. Ma mère ne m'a pas autorisée à grandir, elle dit encore que je suis son bébé. Elle me traite comme une enfant, limite si elle ne me demande pas ma carte d'électrice pour vérifier que j'ai bien voté à la dernière élection, ce qui est extrêmement important dans la famille. Je pense avoir déçu mes parents, et ce dès que j'étais enfant (pleurs). Je n'étais pas une bonne élève, je mentais, signais mes bulletins scolaires. Ils n'avaient pas confiance en moi et je n'ai pas réussi à leur prouver le contraire. Je me rends compte combien il est important que je parle avec ma mère du sujet de la confiance, que je lui demande de me laisser ma chance pour prendre ma place d'adulte. »
Une semaine plus tard au téléphone : « Je suis venue à l'entretien à reculons et il a été une vraie prise de conscience. J'ai compris que c'est moi qui ai la clé pour déverrouiller mon problème, pour guérir cette blessure du féminin dont je n'ai pas pu parler et qui se manifeste physiquement. Je pense que nos maladies nous parlent de nous, pour moi de ce que je m'inflige à moi-même, ce blocage qui m'empêche de parler à ma mère pour lui demander de m'accorder sa confiance, de me laisser m'épanouir en femme adulte. L'endométriose pourrait être là pour m'inviter à changer les choses, à panser cette blessure, à me dire la nécessité de la trouver ma place de femme. L'entretien m'a permis de prendre la décision de parler à ma mère. Je prends conscience que j'ai la capacité de transformer ma blessure, de me guérir. »