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ARZELA

Dossier médical

Infécondité entre 26 et 33 ans. A 17 ans diagnostic SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques). A 27 ans diagnostic d'endométriose fait lors d'une cœlioscopie pour infécondité. A 28 ans fausse couche précoce. A 29 ans coelioscopie, persistance endométriose. Echec 3 cycles induction ovulation. A 33 ans grossesse spontanée.

Sa vie

« Je suis la deuxième d'une fratrie de 3, j'ai une sœur de 4 ans mon aînée et un frère plus jeune. J'ai eu une enfance heureuse même si la tendresse de ma mère, je ne l'ai pas eue, elle s'occupait davantage de mon frère, le petit dernier, qu'elle a protégé. Le soir elle embrassait mon frère, mais pas moi, elle disait toi, tu es grande. Quand j'ai eu 14 ans ma mère a fait une SEP (Sclérose en Plaque). Ma sœur était partie, c'est moi qui l'ai prise en charge. Je suis devenue ses jambes, elle a rapidement été en invalidité. Ma mère disait qu'elle avait été le vilain petit canard de sa fratrie de 6 enfants, dont elle était la seconde. Ma grand-mère a été veuve à 44 ans avec ses 6 enfants à charge, le dernier avait 3 ans ; ma mère a aidé pour élever les 3 derniers, qui ont été élevés à la va comme je te pousse. Mon frère avait 4 ans d'écart avec la dernière sœur de ma mère.

Adolescente, j'ai eu mes règles tard à 16 ans, elles ont toujours été douloureuses. Jamais je ne me suis projetée dans la maternité quand j'étais jeune. Je suis partie à 18 ans pour faire mes études d'infirmière. Je me suis mise en couple, à 21 ans, lui ne voulait pas se marier, cela m'a contrariée. Quand j'ai eu 26 ans nous avons eu un projet d'enfant, l'enfant n'est pas venu. Cela a envenimé mes relations qui étaient déjà difficiles avec ma belle-famille car mon compagnon, qui est fils unique, a une relation presque incestueuse avec sa mère qui est très invasive, lui téléphone tous les jours, l'embrasse presque sur la bouche quand elle le voit. Il a dormi avec elle jusqu'à l'âge de 7 ans, le père était inconsistant. Elle disait on ne peut pas aimer plusieurs enfants. Quand j'ai eu des problèmes pour être enceinte, alors que le bilan de mon compagnon était normal, elle m'en faisait lourdement le reproche. Quand j'ai évoqué une adoption, elle a dit : 'on ne veut pas de bâtard'. Mon mari prenait toujours son parti, je me sentais en concurrence avec elle, je lui en ai voulu pour cela, il laissait les clashs se faire, aller très loin. A un moment j'ai arrêté de voir mes beaux-parents car il y a eu pas mal de choses choquantes. La relation avec lui en a été entachée. Ma période de vie maritale a été très difficile, nous n'avions pas les mêmes valeurs, les mêmes aspirations, il était très égoïste, très arriviste.

J'ai mis mon projet d'enfant entre parenthèse entre la date de la déclaration du cancer du sein de ma mère à mes 29 ans jusqu'à mes 31 ans date de son décès. C'est moi qui ai accompagné ma mère à la place de mon père qui était très distant par rapport à la maladie, il laissait sa place volontiers, et puis ma sœur avait déjà 2 enfants. Toute l'affection que je n'avais pas eu enfant, je l'ai eu les 2 dernières années de sa vie. La fin de sa vie a été un moment très privilégié, j'ai eu mon compte à ce moment-là. Sur son lit de mort ma mère m'a avoué qu'elle avait fait une IVG et qu'elle s'inquiétait que ma sœur ait 3 enfants. Elle disait que c'était dur d'élever des enfants, qu'il fallait les accompagner, et qu'elle, elle avait rempli sa mission, elle avait économisé sou par sou, jusqu'à la moelle pour financer nos études.

J'ai repris mon projet de grossesse après le décès de ma mère et j'ai eu 3 cycles de stimulation qui ont échoué. J'ai arrêté les stimulations, je voulais faire une pause et j'ai été enceinte spontanément à 33 ans. Mon compagnon m'a quittée en cours de grossesse. J'ai pensé me faire avorter mais il était trop tard. Ma grossesse a été difficile, j'ai accouché de ma fille qui était en siège par césarienne elle pesait 2,9 kg à terme. »

Sa réflexion

« Je pense que ma vie maritale était très problématique, j'avais beaucoup de moments de doutes, il y a eu beaucoup de signes avant-coureurs, j'aurais dû partir avant. Rétrospectivement, il y a eu plein de signes d'alerte. Je pense que mon corps a su avant moi qu'il ne fallait pas faire l'enfant. La fausse couche n'est pas un hasard, elle n'a pas du tout été une perte pour moi, même peut-être un peu salvatrice. Ensuite quand j'ai mis mon projet entre parenthèses pour m'occuper de ma mère, cela a été une bonne excuse, l'accompagner a été une bouffée d'oxygène. La grossesse est arrivée spontanément au moment d'une accalmie dans mon couple, sinon j'aurais résisté, oui c'est le terme, résisté. Au début j'ai même regretté qu'elle ait marché cette grossesse dont je ne voulais pas. Aujourd'hui je suis contente de n'avoir qu'un seul enfant car c'est une sacrée responsabilité, je pense que c'est très dur d'élever des enfants, et cela aurait été encore plus problématique au milieu de ma belle-famille. Parfois je ne supportais pas les cris quand ma fille faisait des colères enfant, j'aurais pu la jeter par la fenêtre, une fois je l'ai jetée dans son berceau. M'occuper de ma seule fille est un fardeau, c'est la responsabilité qui est un fardeau et que j'ai eu dès son premier jour, elle a été lourde à porter, alors que je m'occupe sans problème des 3 enfants de ma sœur. La différence c'est la responsabilité. J'ai peur de faillir, de ne pas faire assez. Ne pas avoir d'enfant me protégeait de tout cela. Chaque jour qui passe, je gagne un jour par rapport à cette responsabilité de maman qui me hante depuis la naissance de ma fille. Peut-être il aurait mieux valu qu'elle ne soit pas là, même si elle est l'évènement le plus heureux de ma vie. Ma fille parfois voudrait un frère ou une sœur, mais je ne suis pas en mesure, je ne pourrais pas avoir un autre enfant c'est trop difficile, je ne veux pas reprendre une telle responsabilité ».

Tous les noms propres ont été anonymisés.