CÉLESTE
Dossier médical
Infécondité primaire inexpliquée de 5 ans, entre 26 et 31 ans, échec de 4 IAC, un enfant après une première FIV à 31 ans, un enfant après grossesse spontanée 2 ans plus tard.
Sa vie
« Je suis la seconde d'une fratrie de 3 filles, j'ai eu une enfance heureuse même si mon père était souvent absent, travaillant partiellement à l'étranger. Ma mère a assuré l'éducation de ses 3 filles tout en travaillant. Quand elle était à la maison, elle était toujours en jogging, t-shirt, baskets, pas maquillée. J'ai l'image d'une maman dont le statut de mère responsable lui a fait perdre son statut de femme.
Je me suis mariée à 24 ans, nous n'avons pas voulu d'enfant tout de suite. Seulement deux ans plus tard j'ai arrêté la pilule. Je n'étais pas prête mais il y avait la pression de l'entourage, la famille ; mon mari voulait être père, j'étais mariée depuis 4 ans. Nous avons dû avoir recours à des IAC puis la FIV l'année suivante. C'est une épreuve, on ne voit jamais les mêmes personnes, on est un numéro, je n'aurais pas fait une deuxième FIV si la première n'avait pas marché. Elle a marché et j'ai été enceinte. Je pense que, au fil du temps je me sentais un peu plus prête. Pour l'accouchement, le début s'est bien passé, jusqu'à dilatation à 6 cm, puis il y a eu stagnation, et cela s'est terminé par une césarienne. Je me souviens bien de ce que j'ai ressenti, cela allait à peu près et à 6 cm il y a eu changement d'équipe. Mon angoisse pour l'accouchement s'est cristallisée, le lien établi avec la première équipe s'évanouissait. Je ne voulais plus pousser, je ne voulais plus accoucher. J'avais trop peur de devenir mère. J'étais presque contente d'avoir une césarienne pour échapper à ce moment tellement redouté de l'accouchement. La césarienne a été faite en urgence pour altération du rythme cardiaque du bébé. Quand le bébé a été là, j'ai eu peur de rentrer à la maison, de me retrouver seule avec mon bébé. Heureusement mon mari a endossé tout de suite sa casquette de papa, il m'a rassurée, il m'a aidée à devenir maman si bien que quand j'ai arrêté la pilule 2 ans après la naissance, 3 mois plus tard j'étais enceinte. Quand j'ai su que j'étais de nouveau enceinte, je me suis dit : 'Mais comment cela peut-il être aussi facile ?' La grossesse s'est très bien passée, et on m'a proposé une césarienne itérative. Dès la naissance, je me suis sentie mère tout de suite. »
Sa réflexion
« Moi j'ai l'explication, je sais pourquoi la grossesse n'est pas venue au début. Je n'étais pas prête, j'avais trop peur de devenir mère. J'avais peur de la grossesse, de l'accouchement, de ne pas savoir m'occuper du bébé. Lors de ce parcours de PMA on ne m'a jamais posé les bonnes questions, on est seule dans ce parcours. Je pense qu'il y avait un autre moyen de m'aider. J'aurais juste voulu parler de mes peurs, être rassurée, encadrée. Je suis sûre que cela m'aurait aidée d'en parler, et aurait avantageusement remplacé la FIV. On a bousculé mon horloge, on n'a pas pris en charge ce qui posait problème. Pour moi c'est sûr et certain : j'aurais pu être enceinte sans la FIV. Il suffisait de débloquer les peurs qui étaient au fond de moi. J'avais peur d'abîmer la femme en devenant mère. Je n'ai pas voulu allaiter, c'est trop animal.
Je voudrais ajouter que j'ai été écœurée de tout l'argent gaspillé pendant cette PMA, toutes les ampoules de traitement inducteur qui coûtent si cher, non utilisées, que la pharmacie ne voulait pas reprendre. »