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FULVIE

Dossier médical

Infécondité primaire de 2 ans expliquée par anovulation, échec d'induction d'ovulation, puis 1 enfant après grossesse spontanée à 32 ans.

Sa vie

« Je suis la dernière d'une fratrie de 5 enfants, je suis un accident, ma mère me l'a souvent répété. Je n'ai pas eu un modèle féminin qui m'ait montré ce qu'était une mère. **Ma mère n'était pas mère, j'ai énormément souffert de cela, elle était indifférente, c'est pire que tout **; la violence, l'alcool, il peut y avoir une explication, mais pas à l'indifférence. Elle ne m'a donné aucune tendresse, ni attention, ne m'a jamais dit : 'Je t'aime', elle ne me consolait jamais quand je pleurais, elle ne me rassurait pas, elle n'a jamais cru en moi. Elle se plaignait que les enfants sont toujours des soucis, elle est née en 1944 pendant la guerre, elle était l'aînée d'une fratrie de trois filles, et sa propre mère était comme elle, pas maternelle du tout, mais elle a été choyée par ses grands-parents. Mon père a été mon papa et ma maman, c'est lui qui m'a apporté la tendresse, il était formidable, courageux, un modèle pour moi.

Nous les enfants, avons tous souffert du manque d'amour de notre mère. Mon second frère, lui aussi un accident, est mort de mort suspecte à 32 ans. Il était célibataire. Il a eu des jumeaux, sans le savoir dans un premier temps, car la mère qui avait été une relation brève, n'a rien dit, rien demandé, il ne les a pas reconnus. Lors d'une fête il était invité chez mes parents et il n'est pas venu. Comme il était un peu rebelle, et parfois fantasque, personne ne s'est inquiété. Trois jours plus tard, toujours sans nouvelles, nous sommes allés chez lui, la télé marchait, lui n'était pas là. Nous avons signalé sa disparition, et l'avons cherché pendant plusieurs mois sans succès. Quatre mois après sa disparition, les gendarmes ont retrouvé son corps dans le fleuve. Ils nous ont interdit de le voir du fait de son état de décomposition. L'autopsie a révélé une mort par noyade dans un état alcoolisé. Nous n'avons jamais su ce qui s'est passé. Il a été conclu à une noyade par accident. Il a été enterré un mois plus tard. »

Sa réflexion

« Pour moi, quand j'étais enfant, jamais je ne me projetais dans un rôle de maman. J'ai vécu en couple à partir de l'âge de 21 ans, je me suis mariée à 24 ans, je ne savais pas si j'avais envie d'enfants. J'avais deux grandes peurs, celle de reproduire le schéma du mauvais modèle de mère que j'avais eu, la seconde était la mort de l'enfant. J'ai vu ma mère souffrir de la perte d'un enfant, de sa mort violente, je l'ai vécue comme la démonstration de la véracité de ses propos quand elle répétait que les enfants sont toujours des soucis. Je pense que c'est pour cela qu'à l'arrêt de la pilule je suis restée sans règles pendant 2 ans, j'avais peur. Aucun médecin n'a posé de question personnelle. On m'a proposé un traitement pour me faire ovuler, je savais que, pour moi, ce n'était pas la solution. J'étais convaincue du potentiel de la force de l'esprit, je croyais plus à un travail psychothérapique qu'à la chimie. J'ai débuté une psychothérapie un mois de janvier. Le début de la grossesse est survenu le 31 décembre suivant spontanément sans traitement, sans le retour de mes règles au préalable. La psychothérapie m'a permis de comprendre, de différencier ce qui appartenait à ma mère et pas à moi, elle a changé ma vie. Maintenant, après 4 ans de travail sur moi, je lui pardonne et ne lui en veux pas.

Je pense aussi que le vaginisme dont j'ai souffert et qui a disparu au moment de ma grossesse était dû à la même cause : mes deux grandes peurs. Mes rapports se passent maintenant sans problèmes. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.