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ESMERALDA

Dossier médical

Psoriasis brutal (maladie auto-immune cutanée) à 25 ans.

Sa vie

« Je suis la dernière d'une fratrie de 3 filles. J'ai eu une enfance heureuse. Je fais un métier qui est une passion : je dresse des chevaux, j'en ai une vingtaine, et j'enseigne l'art équestre. Je suis fière car j'ai fait naître chez moi une pouliche de qualité.

L'année de cette naissance j'ai rencontré mon copain, nous avons vécu 8 mois ensemble. La situation est devenue de plus en plus difficile, avec des violences verbales et des menaces de violence physique. Un jour, il a tout cassé dans la maison. J'ai alors décidé de le quitter, je suis partie précipitamment chez mes parents en laissant toutes mes affaires. Il m'a harcelée au téléphone, puis il s'est mis à rôder autour de la maison de mes parents le soir et la nuit. Il a essayé de mettre ma mère au fossé un jour où il l'a rencontrée en voiture. J'avais peur pour mes parents, ma sœur et ses enfants, et aussi pour mes chevaux, je ne dormais plus. Une fois il les a sortis du pré en pleine nuit, on les a retrouvés au matin sur la route. Il a aussi tenté d'empoisonner ma jument, j'ai retrouvé de l'essence dans son abreuvoir. Avec mon père nous faisions des rondes la nuit dans les prés et les écuries. Une nuit, une demi-heure après notre ronde, il a aspergé ma pouliche fétiche d'essence et l'a immolée, elle a brûlé vive. L'écurie a pris feu mais les autres chevaux ont pu être sauvés. Pour la première fois de ma vie j'étais confrontée à la violence, c'est la période la plus difficile de ma vie.

La haine, la colère, la rage, le désir de vengeance m'ont envahie. J'ai eu aussi de la culpabilité car ma jument n'aurait pas dû être dans son box mais au pré, ce qui aurait rendu son forfait plus difficile. »

Sa réflexion

« Pour moi, c'est une évidence : je suis sûre que ce psoriasis vient de cela. La naissance de ma jument avait été l'un des évènements les plus heureux de ma vie, sa mort l'évènement le plus difficile. Je n'avais jamais eu de problème cutané auparavant, il n'y en a jamais eu dans la famille et j**'ai débuté mon psoriasis à ce moment-là**, d'abord sur le ventre, puis sur le visage, les bras et les jambes. Il y a eu un procès, il a reconnu les faits et a été condamné à 6 mois de prison avec sursis, ainsi qu'à me verser une indemnité. Il doit aussi avoir un suivi psychologique. Depuis mon psoriasis s'est stabilisé, puis a diminué ; parfois je n'en ai plus, mais en cas de stress il revient, notamment sur les bras et les jambes. »

Remarque

La dermatologue Danièle Pomey-Rey écrit : « Nous pouvons tous développer, à des degrés divers bien sûr, une éruption de psoriasis sous l'effet d'une colère refoulée.»[^1]

Tous les noms propres ont été anonymisés.