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MYRIAM

A 22 ans léger vitiligo (maladie cutanée auto-immune) péri-unguéal qui restera stable pendant 17 ans. A 37 ans tentative de suicide. Vitiligo explose à 39 ans au premier trimestre de la grossesse. A 40 ans naissance d'une fille.

Sa vie

« Je suis la huitième d'une fratrie de huit. Il y a eu en troisième position des jumeaux qui sont morts nés. Puis mon frère d'un an mon aîné, qui avait une malformation du palais, est également décédé quand ma mère m'attendait. Elle avait 37 ans. Elle ne m'en a jamais parlé, j'ai su autour de 13 ans qu'elle avait perdu trois enfants, puis seulement il y a un an, à sa mort, qu'elle était enceinte de moi quand elle a perdu mon frère d'un an mon aîné. Mon père est mort d'une leucémie quand j'avais 12 ans. Ma mère a été affectée, alors que mes parents se disputaient souvent. Jamais ma mère ne m'avait dit qu'elle était contente que je sois là. Seulement à la fin de sa vie avant de mourir quand j'avais 51 ans, elle me l'a dit. Cela a été une reconnaissance pour moi, cela a changé quelque chose dans ma vie.

Je me suis mariée à 20 ans et suis restée mariée 17 ans avec mon premier mari. Nous étions plutôt amis qu'époux. Nous n'avons pas voulu d'enfant. En fait c'est surtout moi qui n'en voulais pas. Je ne me suis jamais projetée dans un rôle de maman, quand j'étais enfant je ne pensais jamais aux enfants que je pourrais avoir plus tard. Deux ans après mon mariage, j'ai fait un léger vitiligo péri-unguéal juste après le décès de ma belle-mère morte d'un cancer des os, une maladie atroce, qui m'a beaucoup affectée. Nous avons divorcé à mes 37 ans, nous ne nous entendions plus. J'ai fait à ce moment une tentative de suicide. Ensuite j'ai changé de vie, je me suis achetée un appartement et je suis restée seule un an. Puis, j'ai rencontré mon compagnon actuel, nous avons vécu séparés, chacun dans son appartement. Il avait deux enfants, deux garçons de 15 et 11 ans. Il y a eu pas mal de disputes entre mon compagnon et moi sur ce sujet de ses enfants. Nous nous sommes même séparés plusieurs fois brièvement puis, un jour j'ai oublié ma pilule et j'ai été enceinte. J'ai été enceinte par accident, mon compagnon, lui, était demandeur d'enfant, pas moi. C'est au premier trimestre de la grossesse que mon vitiligo a explosé sur tous mes membres. J'étais très angoissée, je me sentais trop âgée, la grossesse m'obligeait à vivre avec le père, elle me liait au père définitivement et surtout, surtout j'avais peur d'avoir un enfant handicapé qui risque de décéder comme ma mère qui a perdu 3 enfants. Tout cela m'a tellement effrayée que j'ai décidé une IVG, j'ai tout prévu pour la faire, finalement j'ai gardé la grossesse. J'ai déménagé pour vivre avec le futur papa de mon bébé, je n'envisageais pas de ne pas offrir un couple de parents à mon futur bébé, de continuer à vivre séparée du papa. Passer d'une vie seule à une vie à quatre et à cinq après, a été très difficile. C'était un vrai sacrifice de quitter mon appartement de célibataire, si je n'avais pas été enceinte, je n'aurais sûrement pas déménagé, je me trouvais très bien toute seule. »

Sa réflexion

« Heureusement que je ne l'ai pas fait cet avortement, maintenant je me dis que je ne l'aurais pas supporté, je ne l'imagine même pas. Ma fille, c'est ce qui m'est arrivé de mieux, même si je suis toujours angoissée pour elle, j'ai peur que mon mari disparaisse, que moi aussi je disparaisse et qu'ainsi ma fille perde un parent comme moi j'ai perdu mon père à 12 ans.

Souvent ma mère disait : 5 enfants c'était déjà trop et j'en ai eu 8. Et moi j'étais la dernière ! J'ai souvent pensé que je n'avais pas ma place ici-bas, que je n'avais pas droit de cité, je me suis sentie coupable d'exister. Je me suis souvent considérée comme la cinquième roue du carrosse, surtout quand j'ai découvert que ma mère était enceinte de moi quand elle a perdu son fils d'un an. J'ai souvent pensé à disparaître, je suis un peu attirée par la mort. Je ne sais pas si ce vitiligo est un message de mon corps mais ce que je sais c'est qu'il a été explosif en début de grossesse, que je ne m'octroyais pas le droit de me reproduire et que j'étais coupable de le faire. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.