🏠 Mon Corps Raconte Mon Histoire

CHANELLE

Dossier médical

Ménopause précoce à 30 ans. Crises de tétanie, spasmophilie de 21 à 24 ans. Algies pelviennes, apparues à 23 ans, inexpliquées, journalières, motivant une dizaine d'hospitalisation de jour et une cœlioscopie (normale).

Sa vie

« Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre, j'ai un demi-frère par ma mère, puis mon géniteur a eu deux autres enfants que je ne connais pas. Ma mère a quitté mon géniteur quand j'avais 2 ans pour cause de violences physiques et probablement sexuelles. J'ai continué à le voir jusqu'à 6 ans un week-end sur deux, mais parfois il ne venait pas me chercher. Après je ne l'ai plus jamais revu. Je ne l'ai jamais appelé papa, je n'en voulais pas de ce papa. Je sais que ma mère m'a caché des choses, pour mon bien. J'avais déjà de la haine pour lui et quand j'ai su la violence, j'ai eu du dégoût et encore plus de haine, une haine à 10/10. Je l'aurai toute ma vie cette haine pour lui, il n'aurait pas dû avoir le droit d'être papa.

Ma mère a refait sa vie quand j'ai eu 4 ans. Mon beau-père a endossé le rôle de papa, je l'appelle papa, et ils ont eu mon frère. Il avait déjà une fille dont il avait la garde puisque son ex-femme est restée 15 ans en prison pour probablement des violences aggravées en bande, mais il n'en parle jamais. J'ai eu l'amour de mes parents, pour la tendresse ils n'ont pas été très démonstratifs. J'ai quitté ma famille pour mon apprentissage à 15 ans. J'ai eu mon premier rapport sexuel à 16 ans, consenti, mais sous effet de l'alcool, je le regrette. Puis j'ai rencontré mon premier compagnon à 19 ans et j'ai vécu 5 ans avec lui, cinq ans de cauchemar ; comme il s'était fait mettre à la porte de chez ses parents, on a trop rapidement emménagé ensemble. Après cinq mois de vie commune, il y a eu la première dispute, il m'a bousculée physiquement, je l'ai mis à la porte, je l'ai repris car j'étais amoureuse. Après 2 ans il a arrêté de travailler, nous avons vécu sur mon salaire qu'il dépensait, il n'avait pas de revenus. Les 3 années suivantes, j'ai vécu un véritable calvaire car à chaque fois que je le contredisais, il me frappait et je ne savais pas comment partir. Le plus souvent, c'était de la grosse violence, ce n'était pas une petite claque, il me mettait à terre et me donnait des coups de pied dans le ventre. Je pense qu'il est malade, mais à l'époque j'étais une femme soumise. C'est à ce moment-là de ma vie que j'ai fait mes crises de tétanie, de spasmophilie, les pompiers venaient me chercher, je savais que c'était à cause de lui mais je ne pouvais pas en parler, j'avais peur. Il a exercé sur moi une violence morale, physique et sexuelle. J'avais du dégoût pour lui et pour les rapports mais je me laissais faire sous la contrainte et la peur d'être frappée. Pendant le rapport je pleurais et je considère qu'il m'a, parfois, réellement violée. Il me forçait aussi à faire des trucs devant la webcam et par peur je le faisais, je me sentais salie, outragée. Je suis restée sans en parler, je ne pouvais pas parler, j'avais trop peur. Je dormais mal, je faisais des cauchemars, des cauchemars de violence, comme si je revivais ces trucs, je me réveillais en nage. C'est à cette période que sont apparues des douleurs pelviennes qui m'ont emmenée plusieurs fois aux urgences et ont motivé une cœlioscopie qui s'est révélée normale. Un jour, il y a eu une violence plus forte que les autres et à la tête, un coup fatal ; il a refusé de m'emmener à l'hôpital. Après ce coup, j'ai réussi à le quitter, je me suis enfuie. Juste avant mon départ il a fait une tentative de suicide, les pompiers sont venus, il a fallu casser la porte. Pendant le mois qui a suivi mon départ, il m'a harcelée, poursuivie jour et nuit, il a proféré des menaces de mort, il a arrêté de me harceler quand j'ai prévenu la police. Pendant les 2 ans qui ont suivi mon départ, j'ai fait n'importe quoi. Puis avec l'aide de mes parents et de mon patron, j'ai pu me reconstruire. J'ai rencontré un nouveau compagnon qui m'a aussi aidée à m'en sortir, il était la douceur, la gentillesse, la tendresse. Nous nous sommes séparés à mes 30 ans car il ne voulait pas d'enfants, c'est lui qui a pris la décision. J'ai eu peur quand je me suis retrouvée seule sans protection, j'étais perdue. J'ai été blessée car il a rencontré une femme peu de temps après qui a été enceinte juste après leur rencontre. J'en ai éprouvé de la culpabilité, j'ai pensé que c'était moi qui étais le problème, que quelque chose cloche chez moi ».

Sa réflexion

« J'y pense tous les jours, j'ai de la haine qui est encore plus forte que celle pour mon géniteur, une haine à 20/10, un désir de vengeance. Les hommes c'est même pas la peine ! Si ma haine est si forte c'est que je souffre beaucoup physiquement, dans le ventre à cause de lui. Par ailleurs, je suis encore obligée, 8 ans après, de payer pour lui, car nous avions des dettes en commun. Nous sommes allés au tribunal, il a fait de fausses déclarations pour ne pas payer alors qu'il le pourrait maintenant. Tout cela me poursuivra toute ma vie. J'ai pu le dire à mes parents qui ont été blessés, surtout ma maman. J'ai honte, je me sens coupable d'être restée aussi longtemps avec quelqu'un comme cela. Je vis cette ménopause comme une punition. Cette ménopause, c'est comme si mon corps ne pouvait plus, ne voulait plus accepter une grossesse à cause de la peur, de la honte.

Ceci étant la vie réserve parfois des surprises. J'ai rencontré un nouveau compagnon, il a 10 ans de moins que moi. Il est le premier homme avec qui je me sens aussi bien. Maintenant j'ai plus de force, je suis fière de moi. C'est la première fois que j'ai pu dérouler ma vie comme cela et cela m'a fait du bien de cadrer ma santé dans ma vie.»

Tous les noms propres ont été anonymisés.