CHEYENNE
Ménopause précoce à 38 ans, plusieurs cystites à l'âge de 12 ans. Naissance d'une fille à 29 et 32 ans.
Son histoire
« Je suis la seconde d'une fratrie de 2. Ma sœur était fragile, à 17 ans, elle a eu un petit copain du même âge qu'elle. Ma mère inquiète a demandé un test de grossesse qui est revenu positif. Ma mère m'a prévenue avant de prévenir ma sœur elle-même. J'avais 12 ans, cela a été lourd pour moi petite fille de comprendre cette grossesse. Surtout que ma sœur est une femme enfant, incapable d'être mère. Pendant sa grossesse, elle a vécu avec son copain à la maison. Une nuit le copain est venu dans ma chambre me faire des attouchements (pleurs). Je me suis tue, je ne pouvais pas le dire à ma sœur qui était enceinte de lui ! Elle serait devenue folle. J'ai gardé le secret. J'ai fait beaucoup de cauchemars pendant 2 ans et j'en fais encore parfois, toujours le même : quelqu'un entre dans ma chambre. Ces attouchements m'ont beaucoup chamboulée, surtout que mes parents venaient de divorcer. J'ai pensé que c'était moi qui avais provoqué cela ! Et aujourd'hui, je me sens toujours coupable ! J'ai pu le dire à ma mère à 18 ans.
Je me suis mariée à 24 ans, j'ai rencontré mon mari lors d'un voyage, nous étions mannequins tous les deux. Nous avons vécu pendant des années à parcourir le monde, un vrai bonheur. Puis à 29 ans j'ai eu mon premier enfant, j'ai arrêté de travailler ; pendant plusieurs années je n'ai été que maman, même si je faisais des petits boulots. Ma seconde grossesse à 32 ans a été difficile car la relation avec mon mari était moins bien qu'avant, il s'absentait souvent parfois plusieurs mois. Petit à petit la situation s'est détériorée, j'ai su qu'il avait quelqu'un d'autre, il est parti brutalement quand ma seconde fille a eu 3 ans. Il m'a laissée sans argent, sans travail, dans une location insalubre, ne sachant pas écrire le français car je suis étrangère. Il ne m'a pas du tout aidée financièrement n'ayant lui-même pas d'argent et beaucoup de dettes. J'ai changé 6 fois d'habitation en 2 ans, j'ai vécu chez des amis, dans un garage. J'étais tellement désespérée de ne pas donner de stabilité à mes filles et toujours dans l'angoisse de savoir où aller, je dormais mal, ne mangeais plus. Je ne savais pas comment sortir de cette galère, quand on est seule on peut gérer, mais quand on a des enfants ! J'ai eu très peur car à un moment mon mari a menacé de prendre les enfants, j'avais peur d'être une mère indigne, que mes filles trouvent chez leur père une stabilité qu'elles n'avaient pas avec moi. Les 3 années suivant la séparation ont été extrêmement difficiles, j'ai beaucoup souffert. J'ai été ménopausée à 38 ans, 3 ans après la séparation. »
Sa réflexion
« Vous m'expliquez que la fonction sexuelle est une fonction de luxe qu'on ne peut plus assurer quand on est dans la survie. Cela me parle tout à fait la survie, je me retrouve très précisément dans ce mot, c'est exactement ce qui s'est passé, c'était très clairement cela : j'étais dans la survie (pleurs). Cela me parle carrément, je n'avais jamais réfléchi de cette façon, mais bien sûr cela me devient une évidence. Je n'avais pas de raison d'être ménopausée tôt, ma mère l'a été à 54 ans et ma sœur qui en a 47 ne l'est pas encore. Inconsciemment ma tête a dit à mon corps d'arrêter ma fécondité car j'étais dans l'incapacité d'assumer un troisième enfant et j'avais de nouveau des rapports car j'avais rencontré quelqu'un. Je dis maintenant que cette ménopause me donne une tranquillité mentale, il n'y a plus de question par rapport à un enfant. Tout est bien.
Vous me faites remarquer que les cystites sont apparues l'année de mes 12 ans, c'est l'année des abus, je n'avais jamais noté cette concordance des dates. »