EULALIE
Dossier médical
Ménopause précoce à 40 ans ; obésité à l'adolescence ; tentative de suicide à 52 ans, chirurgie d'une tumeur de l'ovaire de 4,8kg (4 kilos 800 grammes) à 57 ans.
Son histoire
« Je suis la seconde d'une fratrie de 5 enfants. Mon pÚre m'a violée pendant une partie de mon enfance. Je ne me souviens pas trÚs bien combien de temps cela a duré. Il y avait des violences sexuelles, physiques et verbales, il me détestait. Mon pÚre a gùché ma vie, a détruit ma vie. Il me disait parfois : 'Tu n'arriveras jamais à la hauteur de la cheville de mes chiens.' Il me frappait, m'insultait, les violences verbales de mon pÚre étaient encore plus difficiles que quand je me faisais tabasser. Un jour je l'ai dit à ma mÚre qui m'a répondu : 'C'est un salaud, tu n'es pas la premiÚre à qui cela arrive.'
Je n'ai aucun souvenir de bons moments de mon enfance. Enfant j'Ă©tais toujours habillĂ©e comme un garçon, on m'appelait grosse patate car j'Ă©tais boulimique, je me levais la nuit pour manger. Ă 16 ans je m'habillais en taille 44. Mon enfance c'est la pĂ©riode de ma vie la plus difficile. Je me sens sale, je ne peux pas me regarder dans une glace, je ne peux pas regarder mon corps, le toucher, je peux rester une semaine sans me laver car je ne peux pas toucher mon corps. Mon corps me dĂ©goĂ»te, j'ai toujours les jambes croisĂ©es, je serre les jambes constamment. Par contre je peux me masturber compulsivement, ce n'est pas normal de faire cela, c'est mal. J'ai toujours envie de me faire du mal, souvent je me scarifie avec un cutter ou avec les ongles. J'ai l'impression d'ĂȘtre encore une enfant, de vivre Ă cĂŽtĂ© de ma vie. Je vis toujours dans la maison oĂč mon pĂšre me violait. Je vis les volets fermĂ©s et je porte des lunettes de soleil quand mon mari ouvre les volets.
Je suis partie de chez moi Ă 20 ans, avec un homme qui s'est mis Ă boire. Il me frappait et me prenait de force aprĂšs m'avoir attachĂ©e au lit. Je suis restĂ©e avec lui jusqu'Ă 27 ans, et j'ai toujours pris la pilule pour me protĂ©ger d'une grossesse. L'annĂ©e de mes 27 ans, il a tentĂ© de m'assassiner, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 5 ans de prison. A 37 ans j'ai eu un second mari qui voulait un enfant ; je n'ai pas protĂ©gĂ© mes rapports les trois premiĂšres annĂ©es, le bĂ©bĂ© n'est pas venu. J'aurais voulu des enfants, mais je n'en ai pas eus, car je ne mĂ©ritais pas d'enfants, j'aurais pu leur faire du mal et j'en avais trop peur. Je me voyais jeter le bĂ©bĂ© par la fenĂȘtre s'il pleurait, c'est une image qui m'a obsĂ©dĂ©e, je ne peux pas prendre un bĂ©bĂ© dans mes bras. »
Sa réflexion
« A 40 ans, j'ai Ă©tĂ© mĂ©nopausĂ©e, j'ai Ă©tĂ© trĂšs contente de l'ĂȘtre parce que comme cela, je ne pourrai plus jamais en avoir d'enfant. De toute façon je n'ai plus de rapports depuis plusieurs annĂ©es parce que les rapports c'est dĂ©gueulasse. Je ne me souviens pas de mes premiers rapports sexuels consentis. Â
A 42 ans j'ai fait des séances d'hypnose qui m'ont beaucoup aidée. Le psychiatre m'a dit que pendant les séances, je criais, je me débattais, je serrais les jambes fort. Ces séances m'ont permis de pardonner à mon pÚre. Ma foi aussi m'a aidée. Mon pÚre est mort quand j'ai eu 56 ans, je l'ai embrassé sur son lit de mort, je lui ai pardonné (pleurs).»