VICTORIA
Ménopause précoce à 32 ans, naissance d'un enfant à 27 puis à 29 ans.
Son histoire
« J'ai eu une enfance très heureuse. J'étais la dernière d'une fratrie de cinq et suis venue 7 ans après mon dernier frère, j'ai été la bienvenue. J'ai eu une maman super, très aimante, mon papa était le meilleur papa du monde, j'étais très proche de lui. Je me suis mariée à 19 ans, j'ai continué à voir mes parents très souvent, tous les dimanches et puis tous les jours à partir du moment où j'ai eu mes enfants car mes parents les gardaient. Mes enfants étaient très proches de leur grand-père et lui faisaient la fête à chaque fois qu'ils le voyaient.
A 30 ans, j'ai perdu mon grand-père maternel, qui m'avait souvent parlé du regret qu'il avait de son absence lors des premières années de vie de ses enfants à cause de la guerre. Par contre mon père me disait le bonheur qu'il avait de voir grandir ses enfants et ses petits-enfants. Il est décédé, très brutalement quand j'ai eu 31 ans pendant des vacances à l'étranger, probablement d'un problème cardiaque, alors qu'il n'était pas malade. Ce décès fut un cataclysme pour moi, il y a eu une cassure dans ma vie, un avant et un après, c'est l'évènement le plus douloureux de ma vie. Je n'ai pas voulu, je n'ai pas pu aller préparer les obsèques, mes frères se sont occupés de tout. Dans un premier temps j'en ai voulu à mon père de me laisser et aussi de laisser mes enfants. J'avais ma propre douleur et celle induite par la privation pour mes enfants d'un tellement merveilleux grand-père, j'ai eu beaucoup de chagrin pour eux. J'aurais tellement voulu que mes enfants apprennent plein de choses de lui, j'étais tellement déçue ! Je me disais à haute voix quand j'étais seule : Je n'aurai plus jamais d'enfants, je ne veux plus d'enfants privés de grand-père. Cette pensée m'a hantée pendant plusieurs mois, je me la répétais sans cesse. Mes trois frères et ma sœur ont trois ou 4 enfants, et moi, au départ j'en voulais autant, mais sans grand-père pour eux, je n'en voulais plus. Je parle souvent de mon père à mes enfants, il est très présent dans notre vie.
J'ai commencé à avoir des troubles du cycle quelques mois après la mort de mon père et j'ai été définitivement ménopausée l'année suivante. J'ai eu, quand même, malgré ma propre interdiction, quelques velléités de faire le troisième et je n'ai pas pu puisque j'étais ménopausée. Maintenant je n'ai pas de regrets de ne pas avoir eu de troisième. »
Sa réflexion
« Pour moi c'est évident, c'est très clair, le décès de mon père m'a bouleversée, il a scellé une cassure dans la filiation. Il n'y avait aucune raison que j'aie cette ménopause précoce, ma mère, ma grand-mère ont été ménopausées à 50 ans. »