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ADÉLAÏDE

Dossier médical

A 15 ans algies abdomino-pelviennes restées inexpliquées, très nombreuses consultations, 5 ou 6 médecins traitants différents, gynécologues, à raison de 1 à 3 fois par mois, prescription d'antidépresseurs pris seulement quelques jours car mal supportés. A 15 ans lombalgies, bilan radiologique normal. Obésité poids : 90 kg, taille : 1,60 m, IMC : 36. A 16 ans zona face interne sur le haut de la cuisse et la grande lèvre gauches.

Sa vie

« J'avais 15 ans, c'était un 29 octobre, c'était l'anniversaire d'une copine. A une heure du matin, j'ai fait une crise d'asthme. Mes copines sont montées avec moi dans une chambre pour que je puisse me reposer. Un copain de mon amie qui recevait est monté et a proposé de veiller sur moi, il avait 23 ans. Mes copines sont redescendues, il a alors fermé la porte à clé, s'est déshabillé, a abusé de moi, m'a violée. Ce n'est plus très net dans ma tête, mais des flashs me reviennent. Je n'ai pas pu crier, j'ai eu beaucoup de culpabilité de ne pas avoir réussi à crier ni à gérer ma crise d'asthme, ce que j'arrive à faire parfois. Je n'ai rien dit dans un premier temps, j'avais peur qu'on pense que c'était ma faute, j'avais peur que mes parents ne m'aiment plus. Je ne voulais pas causer des problèmes aux parents de ma copine car il y avait de l'alcool à cette fête et une majorité de mineurs. Moi je n'avais pas bu. Puis j'en ai parlé à ma copine qui l'a dit à ses parents qui l'ont dit aux miens ; le garçon a été convoqué par les parents, il s'est expliqué, il n'y a pas eu de plainte. Mon père m'a dit qu'il m'aimait toujours.

Je suis restée enfermée dans ma chambre pendant 3 ou 4 mois, volets fermés, avec ma culpabilité, mon angoisse et mes doutes. Mes seules sorties étaient pour le collège, ma mère m'y emmenait en voiture, me déposait devant la porte et me reprenait au même endroit. S'il lui arrivait d'être en retard, c'était la panique. Je dormais mal, mon sommeil était haché de cauchemars. J'ai acheté des cigarettes et je me suis mise à fumer. Je ne descendais plus de ma chambre pour les repas, je ne mangeais plus, j'ai dans un premier temps perdu plusieurs kilos, puis j'ai recommencé à manger et alors là, j'ai pris 25 kg en 3 mois, et j'ai continué à grossir, jusqu'à peser 90 kg pour 1,60 m. En fait j'ai voulu prendre du poids pour devenir vilaine, pour que les hommes ne m'approchent pas. Depuis mon poids va et vient entre 70 et 90 kg, cela m'a mise dans un engrenage du yoyo.

J'ai eu des douleurs pelviennes, lombaires, alors que je n'avais jamais eu de douleurs auparavant, elles sont apparues l'année de mes 15 ans, l'année de cet épisode de ma vie. Et ces douleurs sont très fréquentes, elles arrivent en fin de journée, le soir. J'ai consulté à de très nombreuses reprises, de une à 3 fois par mois mon médecin traitant, dont j'ai changé à 5 ou 6 reprises. Aucun n'a jamais rien trouvé aux examens, on m'a dit à plusieurs reprises que c'était le stress sans me poser de questions sur ma vie. Un des médecins m'a prescrit des antidépresseurs que j'ai pris quelques jours seulement car je ne les ai pas du tout supportés.

Ce viol m'a empêchée d'avoir des rapports sexuels. A 19 ans seulement j'ai accepté et le premier rapport a été difficile, incomplet, il y a eu plusieurs tentatives sans succès, je suis sur la défensive. Depuis 2 ans j'ai un copain et je réussis à avoir des rapports corrects, même si la pénétration reste douloureuse. Je ne supporte pas que mon entourage boive, je ne supporte pas l'alcool car mon abuseur avait bu. J'ai commencé à prendre la pilule, j'en ai essayé de nombreuses, elles ont toutes été mal supportées, j'ai eu des migraines, des saignements. Le 29 octobre de mes 16 ans, un an jour pour jour après l'abus, j'ai déclaré un zona sur la face interne du haut de la cuisse et la grande lèvre vulvaire gauches. »

Sa réflexion

« Cet abus est l'évènement le plus difficile de ma vie, les images reviennent. J'ai fait le lien entre mes douleurs, mon problème de poids et l'abus puisque j'ai commencé à grossir après l'évènement. Et j'ai grossi parce que je le voulais, pour ne plus être jolie, pour que les hommes me laissent tranquille, j'ai l'impression que mon surpoids me protège. Je pense souvent à cet évènement de ma vie, ça me détruit. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.