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JIHANE

Dossier médical

A 26 et 32 ans naissance d'un garçon. Obésité, poids : 125 kg, taille : 1,72, IMC 42, chirurgie bariatrique bypass à 36 ans. A 37 ans chirurgie tablier abdominal.

Sa vie

« J'ai subi les attouchements de mon frère aîné et d'un de ses copains entre 8 et 10 ans, eux en avaient 16, à la fin il y a même eu un peu de brutalité. Je ne savais pas ce que c'était, je ne comprenais pas, j'ai réussi à vivre avec cela car je l'ai complètement occulté. J'ai eu mes premières règles à 13 ans, je savais juste que cela allait venir mais sans aucune explication, à la maison on ne parlait pas et surtout pas de cela.

J'ai perdu mon père brutalement d'une crise cardiaque quand j'avais 21 ans, ce décès fut pour moi inacceptable. C'est à ce moment que j'ai commencé à grossir, puis ensuite j'ai pris 25 kg pour chacune de mes grossesses que je n'ai pas reperdus, jusqu'à peser 125 kg. C'est mon fils qui m'a fait prendre la décision de la chirurgie bariatrique, à son école j'ai entendu à plusieurs reprises des réflexions sur mon poids et un jour il m'a appelée Obélix ; je me suis décidée. Après la chirurgie j'ai perdu 50 kg.

A 40 ans, à cause d'un souci dans mon travail, j'ai fait une dépression. A ce moment-là les abus de mon enfance sont remontés. J'ai réussi à en parler pour la première fois de ma vie à une copine parce qu'elle-même m'a raconté qu'elle avait été abusée, **je suis donc parvenue à l'exprimer 30 ans après les faits **! Mes parents ne l'ont jamais su. »

Sa réflexion

« Avec le recul je sais maintenant que mon obésité a eu une finalité, j'ai voulu me cacher, me protéger du regard des hommes, je voulais qu'on me foute la paix. Oui mon obésité avait ce but : me protéger des hommes. On pourrait dire que comme j'avais occulté cet abus, c'est mon corps qui en grossissant m'a cuirassée, m'a défendue comme s'il en avait pris conscience avant que cela remonte à ma propre conscience. Depuis que je pèse 65 kg leur regard sur moi a changé et cela me gêne. Je préférais quand on m'ignorait, néanmoins je ne regrette pas la chirurgie car je suis plus mobile, c'est plus facile pour se bouger, s'habiller. J'ai beaucoup de tristesse et de regret de ne pas avoir su ce qui se passait au moment des abus, de ne pas avoir pu réagir. Si à l'école on m'avait dit que mon corps m'appartenait, que personne n'avait le droit de le toucher, j'aurais pu savoir que cela n'était pas bien, que ce n'était pas un jeu, car je n'ai pas compris, j'aimais mon grand frère. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.