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SIEBEL

Dossier médical

Obésité apparue à la puberté (poids : 128 kg, taille : 1,68, IMC : 45). A 31 ans, maladie d'Hashimoto (maladie auto-immune de la thyroïde). A 37 ans, naissance d'un garçon. A 41 ans, diagnostic d'endométriose. A 42 ans, naissance d'une fille.

Sa vie

« Je suis l'aînée d'une fratrie de 2 enfants, j'ai un frère de 4 ans mon cadet. En fait, j'ai en plus 2 demi-sœurs et un demi-frère par ma mère, je ne les connais pas. Mes parents formaient un couple particulier, ils se trompaient, se disputaient et mon père frappait ma mère. Mon père était un alcoolique occasionnel, dans ces cas-là les scènes étaient terribles. Nous étions témoins de ces scènes de violence verbale pendant lesquelles étaient relatées les tromperies et de violence physique quand mon père frappait à coups de pied ma mère au sol. C'était stupéfiant de violence, de non-respect, il m'arrivait de m'interposer entre eux. Il ne nous frappait jamais, ni mon frère ni moi. Je pense même que j'ai eu son amour, je dirais oui, il jouait pas mal avec moi, il en avait le temps car je ne l'ai pas beaucoup vu travailler. L'amour de ma mère ?.... je le pense, oui ; dans quelle mesure ? Je ne sais pas. Ma mère n'était pas franche, elle était fausse. Elle me faisait participer à des choses qui ne me concernaient pas ; une fois elle m'a montré les cassettes porno que mon père 'l'obligeait à aller chercher' disait-elle. A 11 ans, j'ai fait une fugue pour leur dire stop. Je suis allée me réfugier, je ne sais pas pourquoi, chez une femme qui avait eu une fille de mon père, qu'il n'a jamais reconnue, née 2 ans avant moi. Le message du stop n'a pas été entendu, ils n'ont pas arrêté. Quand j'ai eu 12 ans, ils se sont séparés. Je me souviens précisément de la séparation, nous étions partis pour le week-end avec ma mère et un ami. En rentrant à la maison, nous avons trouvé le salon avec de nombreuses bouteilles d'alcool dans tous les coins et des livres pornographiques éparpillés partout, c'était une scène irréelle. Ensuite, ma mère est partie rejoindre un autre ami. J'ai pris la décision d'aller vivre chez mes grands-parents paternels. J'ai rejeté ma mère, et ma grand-mère l'a remplacée. Mes grands-parents m'ont donné de l'amour et l'image d'un couple normal, aimant. Je n'ai plus jamais revu ma mère, cela fait 31 ans. Je lui ai envoyé un faire-part pour la naissance de mon fils, j'ai voulu revenir vers elle pour lui, elle ne m'a pas répondu, je n'ai même plus son numéro de téléphone. Mon père, je l'ai vu rarement après le divorce. Il était fils unique et, quelque part, il m'en a voulu de prendre sa place auprès de ses parents qui m'ont choyée.

J'ai eu du mal à construire ma vie de femme. J'ai eu mes premiers rapports à 13 ans qui se sont bien passés, la relation a duré jusqu'à mes 20 ans ; ensuite j'ai eu beaucoup d'hommes. Même pour les relations un peu longues, je n'ai pas voulu d'enfant. J'ai différé une grossesse car j'avais peur de reproduire le schéma parental, ma mère a failli à son devoir de maman. D'autre part je voulais trouver un géniteur remplissant certains critères très précis, un géniteur responsable. J'ai trouvé le père de mes enfants à 36 ans, il avait déjà 7 enfants, tous en bonne santé, et qu'il assumait, au moins financièrement. »

Sa réflexion

« J'ai commencé à grossir à la puberté quand j'ai eu mes règles. La sexualité de mes parents, ce côté pornographique m'a beaucoup gênée, beaucoup blessée. Je pense que j'ai eu besoin de ce corps qu'on n'a pas envie de toucher pour me protéger de cette sexualité malsaine, de cette représentation familiale glauque et sale. Ce que vivait ma mère me révoltait, ce non-respect d'elle-même et aussi la violence verbale et physique m'ont beaucoup gênée.

Ma maladie auto-immune je la conçois bien comme ce côté de moi que j'ai envie de détruire, cette forme de ressemblance avec les parents, cette face sombre que je rejette violemment. Je suis comme mon père, un peu impulsive et je pense que si je prenais quelque drogue, je pourrais passer la ligne jaune comme lui. Je refuse cet héritage, surtout depuis que je suis maman. Je ne veux pas donner à mes enfants l'enfance que j'ai eue, je suis une mère très protectrice. Comment peut-on ne pas protéger ses enfants ? On m'a fait jouer un rôle que je n'avais pas à avoir, qui ne m'appartenait pas, c'est moi qui protégeais ma mère. Je lui en veux, je vivais qu'elle m'abandonnait. J'ai eu l'impression que la mère et la fille n'étaient pas à leurs places. Et toutefois depuis quelque temps je me dis qu'elle a peut-être essayé de me protéger en partant.

Merci pour cet entretien, j'ai l'impression que vous avez appuyé sur les choses importantes et sensibles. Il m'a impulsé beaucoup de réflexions à venir, il va m'ouvrir de nouvelles portes. »

Tous les noms propres ont été anonymisés.