ANJA
Dossier médical
A 17 ans, fausse couche à 4 mois et demi. A 20 ans césarienne à 7 mois ½ pour éclampsie, naissance d'un garçon d'1kg6, un mois de réanimation. A 22 et 31 ans naissances d'une fille. A 32 ans cystites à répétition, bilan urologique normal. A 34 ans hémiparésie gauche. A 48 ans épisode d'arythmie. A 49 ans AIT (Accident Ischémique Transitoire).
Sa vie
« Je suis au milieu d'une fratrie de 3 filles. J'ai eu une enfance heureuse avec de bons parents qui m'ont donné amour et tendresse. J'ai rencontré mon mari à 17 ans, j'ai été enceinte et j'ai fait une fausse couche à 4 mois et demi. Je me suis mariée à 20 ans, c'était un mariage d'amour, j'ai de nouveau été enceinte, mais la lune de miel n'a pas duré longtemps, la seconde partie de la grossesse s'est très mal passée : mon mari s'intéressait à une autre. J'avais peur de comprendre que je m'étais trompée en l'épousant, mon mari faisait le beau pour une autre sous mes yeux ! En même temps j'avais peur de le perdre. Un jour, j'étais enceinte de 7 mois et demi, nous suivions une course de vélo en voiture, cette femme était là, dans la voiture, je suis sortie pour faire quelques pas, j'ai trébuché, je suis tombée par terre, ils ont ri, sont restés dans la voiture, personne n'est venu m'aider à me relever, la colère m'a envahie. Trois jours plus tard j'étais hospitalisée en urgence pour éclampsie, je n'avais eu aucun problème de tension ni avant ni pendant la grossesse, j'ai eu une césarienne et mon petit garçon pesait 1kg6 ; je suis restée un mois en réanimation. Mes 2 grossesses suivantes se sont bien passées, j'ai fait l'enfant pour moi, j'avais compris que mon mari n'était pas paternel du tout, je ne pensais qu'à ma grossesse, c'est moi qui ai élevé mes enfants. Il y a eu des rapports forcés, je considère que j'ai eu des rapports non consentis. Je suis restée pour mes enfants, on faisait chacun notre vie. Il me donnait le minimum pour vivre, j'ai fait des petits boulots pour que mes enfants ne manquent de rien.
Quand j'ai eu 32 ans nous avons fait chambre à part, nous n'avons pratiquement plus eu de rapports. Mon mari m'a poussée dans les bras d'un de ses amis qui m'a violée avec une violence inouïe : j'ai perdu connaissance, les pompiers sont venus me chercher, j'ai eu le nez éclaté. Puis mon mari a commencé à m'infliger des violences verbales, psychologiques, il me lançait des injures, puis il en est venu à des violences physiques. Je n'ai pas porté plainte après les coups pour protéger mes enfants, mais j'avais peur. Un soir il a cassé la porte de ma chambre, m'a frappée à la cheville, m'a cassé la malléole externe, 3 jours plus tard j'étais hospitalisée pour mon hémiplégie. Une fois il a fait une crise et a tout cassé dans la maison dont mon ordinateur, brûlé mes vêtements, mes peintures, le lendemain j'étais hospitalisée pour mon arythmie. Pendant toute cette partie de ma vie, j'avais le cerveau constamment en ébullition, je gardais tout pour moi, je m'isolais pour pleurer, je n'existais plus, je n'étais plus personne, mon mari m'avait isolée du monde. Seul m'importait de protéger mes enfants, je suis restée pour les protéger. A 50 ans, je suis partie pour ma survie, j'ai quitté le domicile conjugal avec une attestation de la police, mais j'ai dû laisser ma dernière fille qui n'est pas autonome financièrement car je ne suis pas capable de l'assumer de ce point de vue, c'est un problème très douloureux pour moi car mes enfants sont ma vie. »
Sa réflexion
« Pour moi c'est clair, je me suis rendue malade avec une vie pourrie avec mon mari. Si dans la tête ça ne va pas, ça ne peut pas aller physiquement, je pense que tout se joue dans la tête. Ma toxémie, mes épisodes d'hémiplégie, d'arythmie, d'AIT sont survenus après des clashes, après un trop-plein, quand ma tête allait exploser. Les médecins ne m'ont posé aucune question sur ma vie. »